23 – 1789 : Martial Lacay maire de Tarbes

Martial Lacay, Conseiller du Roi en la sénéchaussée de Bigorre et maire de Tarbes, introduit la séance dans un style très  XVIIIe : «  Quel Monarque acquit plus de droits à nos hommages et à nos vœux que le sage souverain qui nous presse de nous réunir pour nous exprimer l’amour qu’il porte à son peuple. Confondant ses intérêts avec ceux de ses sujets, il invite la Nation à s’occuper d’elle-même s’il la consulte sur la forme la plus régulière, la plus convenable, de composer les États généraux ; telles sont en partie les dispositions de l’arrêt du Conseil du 5 juillet 1788. Le nom de patrie, Messieurs, si longtemps ignoré, si longtemps méconnu, retentit de toutes parts, il ouvre notre âme aux plus douces espérances, il nous annonce le bonheur. Louis XVI soupire après la félicité de son peuple, il connaît sa détresse et ses larmes, il veut en tarir la source… ». M. le Maire va continuer sur cette tonalité émotionnelle pendant de longues, très longues minutes : «  Le Roi nous invite, il nous presse de lui déclarer nos maux, il veut les guérir. Osons lui dire que nous vivons sous les lois arbitraires, que les efforts de nos concitoyens sont sans effet pour lui, parce qu’ils sont mal dirigés, que la levée des subsides accablants pour le peuple, surtout dans cette province, ne profite que peu au Trésor royal parce qu’ils n’ont pas leur destination réelle, que nos ressources sont épuisées parce qu’elles sont la proie des mains avides du fisc… Disons-lui que la classe la plus nombreuse, la plus utile, celle qui fait la force de l’État, qui seule soutient les Empires, est la plus nombreuse, la moins protégée, la plus indigente ; que les propriétaires des biens ruraux sont découragés ; que nos récoltes sont modiques ; que la grêle et les gelées, fléaux de cette province, détruisent souvent l’espoir du cultivateur ; qu’après la dîme et les impositions, il reste quelquefois à peine la semence que le père de famille a jetée en soupirant et que peut-être il l’a soustraite à la nourriture et à celle de ses enfants. Disons-lui avec confiance que la noblesse ne fait pas la vingtième partie du Tiers-État, tandis que les possessions des nobles sont au-dessus… ». À suivre…

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