À Lafitole, la communauté conteste les dénombrements fournis par le marquis Pujo de Lafitole, seigneur du lieu. Elle crie à l’injustice et un procès traîne depuis plusieurs années à la Chambre des comptes et des finances de Navarre, à Pau, car le marquis a refusé la médiation. On peut observer que dans presque tous les moulins banaux, le seigneur propriétaire est contesté par les habitants sur la justesse des balances et des poids servant au pesage des grains. Ceux-ci réclament une transaction honnête, soit un poids de farine égal à celui du grain apporté moins le prélèvement correspondant au droit de mouture. Aussi, le droit de puiser dans l’Adour le sable et les cailloux nécessaires à la construction ou réparations de leurs maisons. À Rabastens de Bigorre, le seigneur du lieu est le marquis de Castelbajac. La commune est placée géographiquement au carrefour des routes royales Toulouse, Pau, Bayonne et Barèges. Des messageries exercent un droit d’octroi jugé prohibitif par les habitants de la communauté. Les particuliers et les voituriers ou rouliers qui exerçaient un négoce florissant, avant l’installation de ces messageries, se plaignent de cette charge fiscale qui nuit gravement au transport des personnes et des marchandises. La suppression des messageries a été demandée au Roi lors des États de Bigorre de 1788 et renouvelée en cette année 1789. Ici aussi, la fraude des mesures du grain est organisée au détriment des habitants de la campagne. Le courrier venant de Pau ou de Toulouse passe quatre fois par semaine à Rabastens, le dimanche, lundi, mercredi et vendredi. N’ayant pas de bureau de poste aux lettres, la ville est dans l’obligation d’aller à Vic-Bigorre ou à Tarbes relever son courrier qui attend depuis huit jours. Sa position de carrefour routier important draine dans la commune une quantité considérable de pauvres en transit pour on ne sait quelle destination meilleure. Faute de secours, certains d’entr’eux meurent sur place. Cette cohorte de malheureux passera des nuits sous la halle aux grains. Le maire Sicard réclamera couvertures, draps, vieux matelas et traversins à tous ses voisins. Seule, Vic-Bigorre viendra à son secours. À suivre…