Joseph Augustin La Salle de Harader, jeune noble, n’émigra pas malgré l’orage révolutionnaire. Sur la liste des émigrés dressée par la municipalité de Vic-Bigorre, en octobre 1792, il est porté émigré. En réalité, il se cachait. Pujo de Nouilhan, son beau-frère, remit, le 3 janvier 1793, des certificats de résidence signés par les municipalités d’Itxassou, Saint-Vincent de Tyrosse et Saint-Jean de Marsac et visés par les directoires des districts d’Ustaritz et de Dax, en décembre 1792. Arrêté aux eaux de Barèges, il est conduit à Argelès, le 1er septembre 1793. Il trompe la surveillance de ses gardiens et s’échappe mais il est repris, à Lourdes, le lendemain, au moment où il pénètre dans la maison d’un ami, M. de Normande. Il s’évade pendant la nuit du 2 au 3 mars 1794, descendant par une fenêtre à l’aide d’une corde double nouée en plusieurs endroits, réussit à dépister toutes les recherches pendant un mois avant d’être incarcéré le 1er mai. Il s’évade, à nouveau. Des habitants de Maubourguet et de Vic-Bigorre battent la campagne pour retrouver le fugitif. Ils le traquent et le retrouvent à l’entrée de la forêt du Marmajou. L’ayant capturé, les vêtements en désordre, couvert de poussière, mais la tête haute, il est ramené vers le chef-lieu, sous bonne garde. Le tribunal criminel qui siège à Tarbes, dans l’église Saint-Jean, prononce sa condamnation à mort. Joseph Augustin La Salle comparait le 19 prairial an II 8 mai 1794 et, malgré l’intérêt général qu’il suscite, Monestier du Puy de Dôme, qui sort d’un repas trop arrosé, l’interroge avec véhémence et le condamne d’autorité non sans avoir, auparavant, harangué le tribunal et l’assemblée. À minuit, le condamné à mort est exécuté aux flambeaux. Le lendemain, revenu au calme, Monestier demande à un membre du tribunal : «Eh bien! Hier soir, nous avons fait une fameuse peur à ce pauvre La Salle!». À la réponse attristée de son interlocuteur, le représentant se met en colère: « Ils l’ont exécuté, les canailles, ils n’ont pas attendu mes ordres! ». Il ne se souvenait plus de rien. Ces détails furent recueillis par M. Berriat Saint Prix, conseiller à la cour impériale de Paris, auprès de M. Calnet, Procureur impérial à Tarbes. À suivre…