Camps d’internement ou de concentration ?

De janvier 1939 au mois de mai 1946, les camps d’internement n’ont cessé de fleurir sur le territoire français, affirme l’auteur (1). On en a compté jusqu’à 200 concernant 600000 personnes. « L’internement administratif » utilisé, permet d’arrêter et d’interner des personnes « non pour des crimes ou des délits qu’elles auraient commis, mais pour le danger potentiel qu’elles représentent pour l’État et la société ». Le 1er concerne un demi-million de républicains militaires ou civils fuyant les nationalistes franquistes. C’est la « Retirada » ou le repli. Dans les « camps de sable » d’Argelès-sur-Mer, Saint-Cyprien, Barcarès (265000 réfugiés), l’hygiène et la misère seront tellement insupportables que l’Administration ouvrira des camps avec toits et planchers à Rivesaltes (P.O), Bram (Aude), Agde (Hérault), Le Vernet (Ariège), Gurs (B.P) et Septfonds (T & G). La 2e phase dure de mai à juillet 1939, avec le régime de Vichy, pour interner les « étrangers ». La 3e phase, la plus tragique, dure de juillet 1940 à la fin d’août 1944 pour les « anti-France » étrangers, juifs, rouges, francs-maçons, tsiganes, civils expulsés, réfugiés, persécutés, pourchassés. Dénuement extrême, milliers de morts ; les juifs seront déportés vers les camps d’extermination, l’été 1942. La 4e phase correspond à la Libération et à l’épuration. Le camp ouvert d’Argelès, est en bord de mer, entouré de barbelés, sans baraquement, ni eau, ni moyens d’hygiène. « Les milliers d’internés creusent des trous dans le sable pour s’abriter de la tramontane, faire leurs besoins dans la mer et dormir sous des tentes de fortune ». Les camps sont vite saturés malgré les 50000 retours en Espagne, d’avril à septembre 1939. Les Catalans sont envoyés au Barcarès et à Agde, les Basques à Argelès dans un camp nommé Guernikaberry. Il y a un camp répressif au Vernet, spécialisé pour les Brigades internationales. Les camps de Vichy, la collaboration, déportation, y sont dépeintes. Aussi, les collabos et la Libération. Un petit prix mais un grand livre par les recherches fouillées qu’il contient. Un grand merci à l’auteur.

    1. « Camps d’internement français » de Claude Laharie – Éditions Cairn – septembre 2020 – 11 €.

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