Il souhaitait me saluer pendant la séance de dédicace de mon dernier livre sur l’Arsenal (1). A tout prix, il y tenait, il le fallait, malgré la canne et les mille difficultés à se déplacer. Mais il n’est pas venu, terrassé par la fatigue sur le coup de midi, m’a dit sa femme Irène. Quelques jours plus tôt, notre dernière conversation téléphonique fut agréable, prolongée, joyeuse même. Terriblement lucide sur son état, il se voulait optimiste, prenant le contre-pied d’une adversité inexorable, échafaudant des projets de court terme. Plus tôt, en 2003, je me souviens de sa visite à mon domicile. Nous avions revisité le syndicalisme des décennies passées, à l’A.T.S, et ses derniers espoirs de stopper le cours des événements tragiques avec l’aide de ses camarades, des anciens de la «boîte», des élus et des Bigourdans. Son enthousiasme chaleureux alternait avec les heures de solitude où le doute noir s’avance, m’avouait-il. Sensible il l’était, ô combien. Ses yeux s’embuèrent de larmes quand Françoise, mon épouse, lui offrit le tableau dédicacé du thème annuel des «Amis des Arts de la Bigorre» qu’elle avait peint. Il représentait ses fidèles auditeurs portant panneaux «GIAT Tarbes Vivra», attentifs à ses paroles d’espoir et de conviction, devant la préfecture. Je l’ai récemment écrit, son dévouement aux autres n’était pas de façade et s’enfonçait profondément dans ses origines. Âme de la lutte, je l’ai remercié pour l’intelligence avec laquelle il avait mené une action si utile à Tarbes et au département. Je l’ai remercié aussi pour le courage opiniâtre dont il avait fait preuve afin de sauver notre Arsenal ainsi que la foi en l’Homme qui l’animait pour la défense des humbles et du prolétariat moderne tant bafoué. Au revoir Daniel !
(1) « L’Arsenal de Tarbes – Lutte et fin d’une épopée… 1989-2006 » – Claude Larronde – photographies Laurent Dard et José Navarro – Éditions PyréMonde – Novembre 2008.