De la monarchie à la dictature

Dans une chronique de 2007 sur l’ouvrage « Les Républicains espagnols », j’écrivais : « L’auteur, dont les parents ont vu brûler leur maison avant de franchir le pont d’Hendaye, nous livre une enquête historique charpentée dans sa construction, puissante dans ses analyses et humaine par ses conséquences tragico-sociales ». 13 ans plus tard, je maintiens le texte de cet exergue. José Cubero est l’un des historiens de référence pour cette période dramatique de la guerre d’Espagne. Tout commence aux élections municipales du 12 avril 1931. Les candidats républicains, rassemblés dans le pacte de Saint-Sébastien, triomphent. Le 14, la seconde République est proclamée, Manuel Azaña est élu Président du Conseil des ministres. Alphonse XIII quitte l’Espagne pour la France. Les réformes sont ambitieuses : 7000 écoles seront construites cette année-là, 8000 maîtres recrutés. Les femmes votent pour la première fois et les soldats doivent prêter serment à la République. La réforme de la distribution des terres des grands propriétaires agraires est trop timide. La paysannerie est déçue. La Phalange, créée par José Antonio Primo de Rivera en 1933, prend pour modèle Mussolini et prône l’utilisation de la violence. Jusqu’en 1936, deux Espagne s’affrontent dans une vie politique tumultueuse. Il y a l’Espane noire, celle des prêtres et de l’Église et l’Espagne rouge qui défend les valeurs de la République. La guerre civile est déclarée d’abord au Maroc espagnol, le 17 juillet 1936. Depuis les Canaries, le général Franco se rallie au pronunciamiento (coup d’État) de l’Armée. L’auteur précise : « Des massacres sont perpétrés dans chaque camp qui ajoutent à la cruauté de ce conflit qui se termine par la victoire des franquistes ». Pour les républicains, c’est la retirada (la retraite) puis l’exil, en 1939. 500000 femmes, enfants, vieillards, soldats et civils sont « accueillis dans des conditions très sommaires ». Ces guérilleros combattront dans la Résistance ou dans les unités françaises. Beaucoup s’intégreront pendant les Trente Glorieuses. Un ouvrage à lire et à garder.

1 – « Petite histoire des Républicains espagnols » – José Cubero – Éditions Cairn – septembre 2019 – 10 €.

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