Ce qui frappe l’observateur attentif que je suis, c’est l’esprit de résistance que manifestaient les journalistes du journal local «La Nouvelle République des Pyrénées». Je retrouvais dans leurs commentaires l’esprit de justice qui animait Jean Gaits, le fondateur du quotidien. Par exemple, dans un court article, Jean-Michel Dejean qui maniait avec bonheur la métaphore rugbystique, terminait son propos sur un registre beaucoup plus grave : «La ville de Tarbes acceptera-t-elle, par fatalisme ou résignation, par impéritie après l’imprévision, de se trouver reléguée au niveau de ces communes qui gèrent leur présent, sans ambition pour leur avenir, qui gèrent surtout leurs drames et leur ennui ; ou voudra-t-elle se donner les moyens de continuer à jouer dans la catégorie des villes qui valent la peine d’être vécues ?». Le 25 mars 1999, plus de 4000 personnes répondent à l’appel des syndicats du GIAT. Des élus bigourdans, ceints de leur écharpe tricolore, ont manifesté dans la rue, les commerçants, en signe de solidarité, ont tiré leurs rideaux. La population tout entière refuse l’inéluctable : le plan social scélérat. Elle a rejoint les centaines de salariés du Centre de Tarbes qui ont formé le cortège qui s’ébranle de la place de Verdun en direction de la rue Maréchal Foch et la place Jean-Jaurès. C’est dans ces moments-là que l’on mesure la profondeur du malaise économique qui étreint la Ville. Toutes les différences politiques et syndicales sont abolies pendant cette journée. À l’automne 2000, les ateliers ferment peu à peu et GIAT rétrécit comme peau de chagrin. En février 2001, les Émirats Arabes Unis, qui ont passé commande de 436 blindés en 1993, font la fine bouche, ils voudraient les versions les plus récentes du char Leclerc. La négociation s’annonce difficile. Le 6 février 2002, Albert Malfait, responsable CFDT, dénonce l’immobilisme qui devient la règle à l’ancien Arsenal. Le 26 novembre, 400 arsenalistes défilent dans les rues de Tarbes après avoir observé un arrêt de travail. Le buste de Verchère de Reffye trône en tête de cortège. Le 6 janvier 2003, le rapport parlementaire sur le GIAT est connu et publié par les médias. À suivre…