L’épidémie à Vic-en-Bigorre

En décembre 1590, la maladie persiste. On enjoint à Arnaud Despaux « tisnier » (tisserand) de se remettre aux cabanes « à peyne qu’il sera permis de le massacrer faute de ce faire et que néanmoins tous les meubles quy se trouveront dans sa maison seront bruslés ». Pour Menjolou Lalanne, il doit seulement s’enfermer dans sa maison avec sa mère, ses enfants et domestiques « à peyne d’être permis de les massacrer à faulte de vouloir obeyr ». Déjà, on ne plaisantait pas avec le confinement ! Mais alors, pas du tout… En février suivant, « vu le temps des neiges », on permet à Peyrot de Darré, en quarantaine aux cabanes, de revenir dans sa maison « sans hanter personne ». Mais la neige finie, il devra s’en retourner aux cabanes finir sa quarantaine. Même les morts sont repoussés loin de la ville : ils n’ont pas droit au cimetière, on les enterre dans le champ d’Arnaud Lalanne. Dubertrand, le « corbeau » qui a procédé à ces inhumations sera récompensé de son zèle, en 1656, par la place d’hospitalier. Mais en période d’épidémie, l’Hôpital lui-même se ferme aux malades. Le 3 août 1638, « Comme le grand nombre de pauvres qui passent en cette Ville pourraient nous porter maladie à cause que le mal contagieux est en divers lieux, l’Ospital sera fermé dès aujourd’hui avec inhibition à l’Ospital de loger personne ». Les riches, eux, s’enfuient. Lors de l’épidémie de 1655, M. de Pujo s’est retiré dans sa borde au-delà de l’Adour, Monde, notaire, est à Saint-Lézer, Lalanne, médecin de la Ville, s’est enfui à Nouilhan, Junca, autre médecin, et Costabadie, apothicaire, ont aussi quitté la Ville. Ce qui souligne le caractère très localisé de l’épidémie. Quand il faut désigner des délégués aux États de Bigorre, les Consuls restés en Ville n’y sont pas admis de peur de la contagion, mais on y envoie MM. De Pujo et Costabadie. La contagion revient en 1628,  1632, 1636, 1638, 1655. Jeanne Rotgé, l’épouse de Raimond Lafargue, le notaire à qui nous devons l’inventaire des titres de l’Hôpital de Vic-en-Bigorre, en 1645, mourra de la peste dans une cabane au bord de l’Adour, en juin 1655, après avoir testé en faveur de l’Hôpital. C’est Jean Larcher qui nous l’indique. À suivre…

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