« De la peste, de la famine et de la guerre, délivrez-nous ». Cette invocation venue du latin était la préférée de mon ami Joseph Verley, historien de l’Hôpital de Vic-en-Bigorre, qui traita des maladies et des médecins de la Ville, du XVIe au XIXe siècle. Par ce temps de virose, je pioche hardiment dans son étude. Au XVIIe siècle, la famine, ce sont les mauvaises récoltes et les pauvres qu’il faut secourir. La guerre, c’est surtout le logement des gens de guerre : simple passage en été, cantonnement en hiver, avec toutes les exactions qui s’ensuivent. En 1590, la « maladie » ou la « contagion » sont là. Les mots peste ou pestiférés apparaissent. À l’époque, la peste désigne toute maladie épidémique. Il y a un cas douteux : en août 1616, Guillaume Colomès est mort d’une maladie qui a emporté son cheval, on lui a trouvé « des charbons au visage ». La fréquence des cas de guérison, le nombre limité des victimes, la recrudescence annuelle, en août et septembre, l’insistance à brûler les linges « infectés », font plutôt penser à une infection intestinale, genre choléra ou typhoïde, dont on retrouve des exemples à l’époque moderne : 1792, 1832, 1898 où le mot de typhoïde est prononcé. La proximité des puits et des fosses d’aisances suffirait à expliquer le caractère endémique de la maladie. Les méthodes pour venir à bout de l’épidémie étaient plutôt brutales. Les maisons des malades étaient, soit « désinfectées » mais par quels moyens ? Soit brûlées. Les malades étaient envoyés en quarantaine dans des cabanes, au « Grand Bois », route de Pau ou au « Marmajou ». En septembre 1590, la contagion persiste : « parce que tandis que l’on entretient Moret et Péchin, elle augmente et continue ». Le Conseil décide alors de faire périr Moret et Péchin avec « ensemble leurs femmes ». L’affaire est tout de même exceptionnelle. Les membres du Conseil veulent se couvrir par un plébiscite. Les dizeniers feront chacun le tour de leur dizaine (quartier) pour avoir l’avis du peuple. Ils reviennent le lendemain : « quy ont esté confirmés d’advis que lesdits Moret et Péchin et leurs femmes fussent mis à mort pour esviter que le reste du peuple ne périsse à leur occasion ». À suivre…