La première excursion de Louis Ramond est de passer le Tourmalet pour aller à Bagnères (1). La vallée de Campan l’inspire. C’est là qu’il comprend que ces montagnes sont « non des monuments d’éternité, mais au contraire des débris, et que tout tend à l’état d’équilibre : les sommets s’abaissent, les fonds s’exhaussent, les eaux nivellent, un degré d’inclinaison vient où il n’est plus d’éboulement possible, et la végétation s’installe sur ces ruines ». Ramond se pose deux questions : Où sont les plus hauts sommets de la chaîne ? Les Pyrénées renferment-elles de la glace, de la vraie glace comme en Suisse ? Rentré à Barèges, il s’engage vers le Pic du Midi par le lac d’Oncet et la Hourquette de Sencours. Lieu où le général de Nansouty établira son premier observatoire. Il commence l’ascension de la cime avec ses compagnons et le cardinal de Rohan. Surexcité par l’impatience, il s’élance seul vers le sommet et « du bord du précipice effroyable, voit un monde à ses pieds ! ». Il aperçoit les sommets principaux, son œil est conquis : c’est le coup de foudre ! En face, à plus de 16000 toises de distance (31 km), il reconnaît le Marboré, ses tours et sa Citadelle, le Mont-Perdu ! Ce massif calcaire l’a véritablement subjugué. Pourtant, il lui faudra attendre 15 ans avant de l’atteindre ! Avec la même compagnie, il fait l’excursion de Gavarnie pour voir les cascades et le pont de neige. Il retraverse Luz, décrit Saint-Sauveur, monte à gauche du Gave, là où sera placé le pont Napoléon, s’enfonce dans une gorge profonde, franchit le pont de Sia, parcourt un long et monotone défilé et rencontre un troupeau descendant des hauts pâturages. « Jeune berger en tête, brebis, chèvres, puis les vaches, les juments, les poulains étourdis, les mulets plus malins, enfin le patriarche et sa femme à cheval, les enfants en croupe, le nourrisson dans les bras de la mère, la fille occupée à filer sur sa monture, le petit garçon à pied, coiffé du chaudron, l’adolescent armé en chasseur et un autre fils portant la boîte à sel ». À suivre…
(1) «Cent ans aux Pyrénées» – Henri Beraldi – 1898-1904 – Réédité Hachette Livre BNF-1971 – Les Amis du Livre pyrénéen – Pau-1977 – Monhelios-2011.