Le rapport constate la dispersion historique des dix établissements de la société : Satory (Versailles), Roanne, Saint-Chamond, Saint-Etienne, Cusset, Bourges, Tulle, La Chapelle Saint-Ursin, Toulouse et Tarbes, qui fonctionne de façon centralisée depuis 1997. Depuis son changement de statut, GIAT Industries connaît des difficultés économiques et financières récurrentes : «L’effondrement des marchés de l’armement terrestre, lié à l’évolution brutale du panorama géostratégique mondial et à la disparition du bloc soviétique, ne suffit pas à lui seul à expliquer ce constat. On ne peut ignorer les erreurs de stratégie et de gestion imputables à l’Entreprise lors de la première moitié des années 1990 et dont les conséquences se font encore sentir aujourd’hui. Les rapporteurs se sont également interrogés sur l’efficacité de la stratégie commerciale du groupe». Le chiffre d’affaires en millions d’euros courant a chuté : 1700 m€ en 1991 à 828 m€ en 2002. Les pertes se sont accumulées : 61 m€ en 1991, 135 m€ en 2002, d’où les apports de capitaux nécessaires qui croissent de 160 m€ (1991) à 304,9 m€ (2001). La Cour des comptes souligne que, sur un total de 3,66 milliards d’euros de pertes accumulées entre 1990 et 2000, 1,98 milliard est la «conséquence de décisions malheureuses, imputables à la société qui les a prises avant 1995 ou à ses tutelles qui les ont laissées s’exécuter». Parmi les décisions malheureuses, citons la livraison aux Émirats Arabes Unis de 390 chars Leclerc et 46 chars transformés en dépanneurs pour la somme de 3,2 milliards de dollars. Le prix du char était calculé trop juste alors que le coût de revient unitaire ne cessait d’augmenter. Autres contrats malheureux : la livraison de 515 tourelles Drakar et de 575 canons de 25 mm conclue avec la Turquie, en 1992, vente de composants du très grand télescope (ESO, pour European Space Organisation) de l’observatoire européen de l’hémisphère sud implanté au Chili, en 1995, les pertes sont évaluées à 14,9 m€ pour un chiffre d’affaires de 16,1 m€, l’acquisition désastreuse à 92 %, le 1er janvier 1991, de la Fabrique Nationale Herstal, entreprise belge en liquidation judiciaire. À suivre…