L’auteur précise que « l’histoire mouvementée du cloître du jardin Massey reflète le sort connu par de nombreux monuments médiévaux dans le Sud-Ouest ». Le cloître de l’abbaye de Saint-Sever-de-Rustan a voyagé à Trie-sur-Baïse, jusqu’à Tarbes où il fut sauvé de la « dispersion » par la Société académique des Hautes-Pyrénées, à la fin du XIXe siècle. L’auteur énumère les cloîtres romans aux chapiteaux recouverts d’ornements et de scènes figurées : galerie nord de Saint Pé de Bigorre et aux XIVe et XVe siècles : Larreule, Trie-sur-Baïse, Saint-Sever-de-Rustan. Des cloîtres cisterciens aux décors sobres qui influenceront des cloîtres gothiques comme les Cordeliers de Tarbes, Jacobins de Bagnères-de-Bigorre et des cloîtres aux décors disparus comme à Médous, Vic-en-Bigorre et Saint-Pé-de-Bigorre. La première mention de Saint-Sever-de-Rustan date du XIe siècle et, dès le XIIe siècle, des bâtiments sont construits. Le cloître roman est élevé aux XIIe et XIIIe siècles. Au XIVe, un nouveau cloître sort de terre. Impact des guerres de Religion, l’abbaye et le bourg de Saint-Sever sont pillés par les protestants, en 1573. Les moines réparent les dégâts dans l’église mais « la reconstruction spirituelle et matérielle du monastère demeure limitée ». Ils feront appel aux bénédictins de Saint-Maur. Le chantier prendra 150 ans. Tranférer un cloître dans un autre lieu était pratique courante depuis le XVIIe. Possédée par les de Mérens, les Monuments historiques du XIXe siècle accompagneront la vente de l’ancienne abbaye au Conseil général. Or, le 13 décembre 1888, l’avocat vicquois Xavier de Cardaillac et Norbert Rosapelly négocient un achat pour le Conseil municipal tarbais. L’achat du cloître sera conclu le 29 août 1890. Le jardin Massey sera choisi pour « acclimater » le cloître de Saint-Sever-de-Rustan. La deuxième partie de l’ouvrage est consacrée à détailler la symbolique des 48 chapiteaux dans leurs formes, moulures, styles, ancienneté. Tout est décrypté avec l’aide experte de Laure Latanne-Bey. Un beau travail de recherche qu’accompagne une iconographie superbe.
1 – « Le cloître du jardin Massey » – Thibaut de Rouvray – Éditions Jour des Arts – septembre 2019 – 20 €.