Léon, Roi de Bayonne, n’est pas un mythe. Il a réellement existé ! Né le 8 mars 1895, de son vrai nom Raphaël Dachary, il est pour tout le monde Léon (1). Qu’un match de rugby se joue au fin fond du Maroc, et, qu’après la victoire de l’Anglet Olympique, les spectateurs musulmans en djellaba se mettent à chanter : « Ô Léon, Léon, Léon, Roi de Bayonne… Ô Léon, Léon, Léon, Roi de Bayonne et des couillons ! » ça étonne. À 2000 km de Bayonne, qui est donc ce Léon dont on chante les louanges ? Le vrai Roi de Bayonne est devenu un personnage célèbre par décision de la commission des fêtes, en juillet 1986. Mais qui se souvient de l’original ? Le saint patron de la Ville, à la tête décapitée par les Vikings ? Le gros Léon devenu Roi les soirs de liesse d’Intervilles ? Vous n’y êtes pas. En 1894, Jeanne Dachary, employée de maison d’un notable, se fait engrosser par son Maître. On l’appellera Raphaël « comme le peintre ou l’apéritif ». Brave homme, il subvint aux besoins de la mère et de l’enfant. Léon entre à l’Institution Saint-Louis-de-Gonzague et constitue pour les abbés un cas difficile. Serviable, on le spécialise dans le rôle d’enfant de chœur. Il se met à boire le vin des burettes ce qui lui donne le goût de la chopine. À 18 ans, il entre à La Belle Jardinière, grâce au piston de papa, pour s’occuper de la réclame. En 1914, il est refoulé du Conseil de Révision : ses jambes sont cagneuses. On l’envoie à la citadelle de Saint-Jean-Pied-de-Port pour défendre la frontière. De retour, il entre chez Albert Velten, marchand de vêtements. Dévoué mais naïf, il sera toujours l’objet de nombreux canulars. Léon épouse Maïté qui met au monde un garçon, cinq mois après. Ici, le récit de l’auteur devient truculent, percutant à souhait, où l’humoristique est recherché à tout prix : « laide comme un imparfait du subjonctif » que Frédéric Dard n’aurait pas renié. Léon entre au Jockey Club où les Batsarrous l’adoptent et le feront Roi des fêtes de Bayonne, le 5 août 1949. Il entre dans la légende. Représentations et dédicaces ne s’arrêteront plus jusqu’au 8 octobre 1964.
1 – «Léon, le vrai Roi de Bayonne» – Michel de Barbeyrac – Éditions Atlantica – juillet 2018 – 13,90 €.