Pablo Picasso en 1918

Jean-François Larralde, historien d’art, nous livre un ouvrage émouvant sous la forme d’un brillant récit (1). Deux fortes personnalités en sont les principaux acteurs. Eugenia Huici Arguedas sera l’égérie et le mécène du peintre Pablo Ruiz Picasso. Elle naît en 1860 au sein d’une famille navarraise qui émigre vers le Chili, au XVIIIe siècle, et s’enrichit dans l’industrie minière de Bolivie. Grande bourgeoisie, bonnes études, elle épouse à 20 ans José Tomás Errázuriz Urmeneta, né à Santiago, d’une famille fortunée. Issus de la diaspora basque aristocratique du Chili, ils partagent un goût prononcé pour la peinture. Leur rêve : partir pour l’Europe, particulièrement la France. Arrivés à Paris en 1880, ils s’installent à Londres en 1900. Tout au long de ses 92 années, Eugenia sera adepte d’une philosophie esthétique fondée sur la simplicité, la proportion et la mesure. En 1897, à Malaga, Pablo Ruiz obtient la médaille d’or pour «Science et Charité». Il dessine depuis son enfance dans l’atelier de son père José Ruiz, professeur à l’École d’art de Barcelone. Dix années plus tard, «La belle madame Eugenia» se sépare de son mari et revient à Paris, avenue Montaigne. Elle participe à toutes les fêtes, banquets, donnés en l’honneur des artistes. Sa fortune lui permet le mécénat de plusieurs artistes : Pablo Picasso (1917-1925), Blaise Cendrars, Igor Stavinsky, Arthur Rubinstein. Amoureuse platonique, elle considère Pablo comme le plus grand artiste vivant. Son action inlassable pour la diffusion du cubisme et son soutien indéfectible au Catalan, lanceront la riche carrière du peintre. Son logement spartiate «La Mimoseraie», à Biarritz, étonne : murs nus et blancs, gravier intérieur, absence de bibelots, propreté. Riche d’une centaine d’illustrations, ce livre nous informe sur les voyages du maître et de sa protectrice, le milieu artistique des années de la grande Guerre, les «planqués» dans une ville d’eau transformée en hôpital militaire mais recherchée par les grands architectes, les créateurs de mode, les étrangers fortunés attirés par ce site plein de promesses. Je recommande.

(1) «Picasso un été 1918» – Jean-François Larralde – Éditions Atlantica – 2018 – 25 €.

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