Gaston Boué de Lapeyrère, l’amiralissime gascon

L’auteur dit du personnage : « Un terrien entré dans la Marine sans vocation et qui navigua jusqu’à 63 ans » (1). Et il nous cite une dizaine de marins gascons illustres depuis Mathurin d’Aux de Lescout (1525-1581) jusqu’à Augustin Dupouy, vice-amiral et préfet maritime de Brest, dont la sœur Thérèse lui écrit de Lectoure pour s’inquiéter de l’avenir de son plus jeune fils. Ce dernier sera le père de Gaston Boué de Lapeyrère, notre amiralissime, né le 18 janvier 1852 à Cartéra-Lectourois. Il grandit à Lectoure. Collège de la ville, lycée d’Auch et lycées de Cherbourg et de Brest « sous la surveillance sévère de son oncle maternel, l’amiral Dupouy, qui avait déterminé sa vocation de marin ». Au XIXe siècle, aller d’Auch à Cherbourg devait être une transition douloureuse. En vingt ans, les bâtiments de guerre perdent leur mâture au profit des machines et leur coque de bois pour une cuirasse de fer. En 1866, l’oncle, devenu préfet maritime de Brest, le fait entrer au lycée de la ville. Un navire école à demeure sous l’autorité de l’oncle qui lui facilitera l’inscription. La discipline y est quasi militaire. Par un luxe de détails, l’auteur nous conte les péripéties maritimes de la France. Gaston sort bon dernier de sa promotion en 1871. Le jugement de son supérieur est sévère : « Continue à lutter par le travail contre une intelligence médiocre. Il aime beaucoup son métier et fera un assez bon officier ». Mais à 20 ans, il a plus d’expérience de navigation que son oncle au même âge. L’auteur énumère tous les vaisseaux qu’il a connus, évoque ses opérations en Extrême-Orient (1883-1885). Le jugement évolue : « M. de Lapeyrère est un officier intelligent, instruit, très marin, doué d’une grande décision et d’une bravoure à toute épreuve ». En 1889, il épouse Thérèse Darquier, issue de la meilleure bourgeoisie gersoise. Sa carrière s’accélère. Capitaine de frégate, de vaisseau, contre-amiral en 1902, ministre de la Marine en 1909. Vicissitudes politiques en 1913. Il décèdera à Pau, le 16 février 1924. Récit dense, documenté, riche, percutant.

1 – « Boué de Lapeyrère (1852-1924) l’amiralissime gascon » – Jean-Philippe Zanco  – Éditions Gascogne – mai 2016 – 15 €. 

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