9 – Aux Pyrénées : D’Argelès à Saint-Savin

Argelès (Argelès-Gazost), ville de 2800 habitants, est un fort militaire au bord du gave d’Azun, près de son entrée dans le gave de Pau. Léon Richard apprécie cette vallée : «Argelès doit être une station pour les voyageurs qui de là visiteront les vallées environnantes. Au nord de la ville, est une colline nommée Balandrau. C’est sur cette élévation que le voyageur doit monter pour avoir une vue générale qui est ravissante : le pic de Soulon qui se détache merveilleusement des montagnes latérales. De ce colisée de la nature, tout le vallon se présente comme un diorama. On voit toutes les sinuosités du gave et des ruisseaux dont les eaux bienfaisantes sont dirigées sur les prairies, rafraîchissent leur belle verdure, et la grande route qui se dessine comme un beau ruban». Cette vallée d’Argelès est un bassin rond entouré de hautes montagnes. Le lendemain de son arrivée, il se dirige vers l’abbaye de Saint-Savin «qui est de la plus grande antiquité car on fait remonter ses fondements au fort Émilien bâti par les Romains et ses murailles à Charlemagne». La vallée s’ouvre à Lourdes. Peu après, se trouvent des coteaux élevés chargés des plus beaux bouquets de hêtres. Ces coteaux sont comme un mur de clôture, écrit-il, placé à l’entrée d’une grande enceinte. Cette dernière doit être vaste puisqu’elle loge sur ses flancs trente-trois villages. La vallée se présente comme une gorge énorme. «Que ceux qui aiment les lieux sacrés se rassurent, cette enceinte se referme et porte comme sur un promontoire les gothiques murailles de Saint-Savin». Des deux côtés de cette terrasse, se trouvent deux issues assez étroites dont l’une forme la vallée d’Ossun et l’autre celle de Luz par laquelle on se rend à Gavarnie. «Ainsi comme on le voit, un paysagiste n’eût pas mieux ouvert et fermé cette admirable vallée». Un froid matin, Richard gravissait un sentier escarpé qui menait à l’abbaye. Il voyait à peine les arbres tant le brouillard était épais. Là-haut, il fut ravi par la vue des ogives d’une chapelle aux arcs divisés, aux vitraux de couleur à moitié brisés. Il demanda le propriétaire. Un petit homme vif et gai se présenta : Je suis le Prieur, que voulez-vous ? À suivre…

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