Léon Richard porte un jugement sur les habitants des Hautes-Pyrénées qui demande une lecture attentive. Selon lui : «L’habitant jouit sans trouble des solides richesses d’un climat aussi favorable au plaisir qu’à la santé. Le Pyrénéen montagnard est léger, un peu malin, mais poli sans simagrées. Aimant le vin, je n’ai pas trouvé un seul homme ivre. Ce n’est pas seulement le plaisir de boire qu’il cherche dans son isolement, c’est le chant, la gaîté, l’agrément des réunions. Ardent, jamais cruel, il n’est ni fanatique ni crédule. le respect pour les propriétés est si grand qqu’on trouve rarement des serrures et des clefs aux portes des maisons, fermées d’un simple loquet, mais chacune possède une carabine et des ustensiles de bois…Vous ne trouvez pas parmi eux cette foule de mendiants qui attestent l’imperfection des institutions sociales. Comme ils sont sans palais, ils sont sans hôpital. Dans les vallées supérieures, leur voix est forte et bruyante : on reconnait qu’elle appartient à des hommes errant souvent dans de vastes solitudes et dont les accents, traversant de profondes vallées, vont provoquer sur la montagne opposée la voix des pâtres voisins. Les femmes sont généralement habillées avec peu d’élégance ; on rencontre souvent ces femmes laborieuses, infatigables, ayant tout le poids des soins de leur ménage, allant partager les travaux de la campagne qui ne devraient être exécutés que par des hommes». Pour terminer ce chapitre, des conseils de Léon Richard bien utiles. Se vêtir chaudement avant les longues ascensions, se munir de guides pour les passages difficiles ; si l’on est à cheval, laisser l’animal libre, son pas est assuré, infaillible. Ne monter qu’à pas lents, porter des souliers à épaisse semelle, un bâton avec une pointe en fer pour marcher plus facilement dans les descentes, franchir les crevasses. Ne jamais boire de l’eau de neige, s’abstenir de laitage et de crème ; se défier des illusions d’optique : souvent on croit toucher de la main une montagne, un glacier ; près d’un précipice, y plonger son regard, y accoutumer son œil : on n’aura pas de vertige ; se défier des contes des voyageurs, de la prudence avant tout. À suivre…