Léon Richard décrit les Hautes-Pyrénées dans leur étendue sommitale, soit 15 lieues communes – suivant les crêtes des montagnes qui bornent le département – soit 15 lieues x 3896 m = 58,440 km. Cette distance doit être comprise comme la longueur de la partie la plus élevée de la chaîne, son centre, son noyau. Il énumère les principaux pics qui s’élèvent «en amphithéâtre» : le Vignemale (3356 m), le Pic Long (3251 m), le Marboré (3188 m), le Pic de Néouvielle (3155 m), la Brèche de Roland (3060 m), le Pic du Midi (2935 m), le Pic Montaigu (2375 m), le Pic de Bergons (2112 m). Presque tous placés sur la même ligne, dit-il, «cependant quelques-uns, non moins considérables, par une anomalie très remarquable, sont situés hors de cette ligne». La mesure de l’époque donnée par deux «experts» MM. Vidal et Reboul est un peu avantageuse, celle d’aujourd’hui indique 2876 m pour le Pic du Midi. Allez, ne chipotons pas. L’élévation pour les principaux ports ou passages des Pyrénées élevait Gavarnie à 1196 toises x 1,949 m (2331 m), passage le plus fréquenté, et le Tourmalet à 1126 toises x 1,949 m (2194 m), passage intérieur. En juillet prochain, les forçats de la route se contenteront d’une hauteur rectifiée de 2115 m. En 1776, Darcet, un autre «expert» comparait la chaîne des Pyrénées à un grand banc. «Excessivement élevée (la chaîne) dans son origine, d’abord pleine et unie, mais qui se serait ensuite dégradée et aurait été sillonnée par la fonte des neiges, par les vents, les pluies, les orages, etc. Et les mêmes causes n’ayant pas cessé d’agir auraient enfin déchiré cette masse immense et l’auraient réduite à l’état de ruine où nous la voyons de nos jours». Et, 63 ans plus tard, Léon Richard d’emboîter le pas de Darcet en noircissant le tableau par tous les soubresauts apocalyptiques advenus car «tous les tertres exhaussés sur la face du globe tendent, comme l’élément fluide, à se mettre de niveau avec les plaines». Pas de séjour d’une mer, observent les voyageurs, peu de vestiges de volcans, mais des tremblements de terre effrayants. Fort heureusement, ces belles montagnes offrent au botaniste, au géologue, au physicien, l’occasion d’étudier la nature. À suivre…