L’orgue de Vic-en-Bigorre : un patrimoine

Michel Latour, né en 1819 à Arreau, est nommé curé doyen de Vic-en-Bigorre, le 25 mai 1864. En cette période conservatrice, il fut un animateur spirituel dynamique, aimé de ses ouailles. L’intérieur de l’église Saint-Martin lui apparaît bien froid et il fait poser des vitraux de couleur avec personnages aux trois croisées orientales, puis un peu de mobilier et de décoration. Appelé le 13 août 1826, le bayonnais Jeandelle demande 3000 F pour «réparer l’instrument (l’orgue). Cette somme peut paraître un peu forte mais j’ai des références ! J’ai déjà réparé les orgues de la cathédrale de Tarbes, Bagnères et Lourdes». On s’exécutera…doucement : 1000 F le 1er janvier 1827, autant en 1828 et le solde en 1829. Le maître facteur a une oreille très sûre mais une orthographe à résilier les contrats : «Jarive au moi de septembre, il fau me construire un petit escallé pour évité la jambe cacée». En octobre 1826, il signale qu’il ne pourra venir car, ayant coulé étain et plomb pour les tuyaux et porte-vent, la chaleur du métal lui «a porté» le sang à la tête. La pose de sangsues le met sur le flanc. Le 26  octobre, il est en route. Le 5 novembre, il prend les «bains» à Bagnères-de-Bigorre. En avril 1827, les grosses réparations sont terminées. L’organiste Ouerta trouve «l’instrument» de 1622 parfait. Le 2 novembre, Jeandelle demande 350 F pour d’autres réglages et…disparaît. Le 5 octobre 1864, Michel Latour demande à Baron, facteur d’orgues, de restaurer l’orgue (1). Ce dernier placera trois claviers neufs en acajou, ébène et ivoire, ainsi qu’un nouveau système de soufflerie avec parallélogramme. Coût pour la municipalité : 4000 F. Baron est déclaré «suffisamment entendu». Il démonte et remonte l’ensemble, en 1864 et démissionne après le refus de la Ville de lui donner 100 F/l’an pour réparer les «dérangements du mécanisme». En 1876, on lui reconnaît, enfin, la pleine responsabilité de l’entretien de l’orgue mais on lui refuse la garde de la clé de la tribune. Non mais ! Décédé en 1897, le chanoine Michel Latour veille sur notre patrimoine…

(1) Communication d’Odile Sablayrolles, organiste, lors d’une Rencontre d’information sur l’état de l’Orgue et sa nécessaire restauration.

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