5 – Guerre des Pyrénées : Les années désenchantées

Pour l’Empereur, les années 1812 et 1813 annoncent l’échec final dans la Péninsule. Son absence du théâtre des opérations est grandement préjudiciable à la cohérence des divers commandements entre l’armée du Nord étendue entre Ebre et Douro, l’armée du Portugal, à l’ouest, l’armée du Midi, au sud, en Andalousie et l’armée du Centre, autour de Madrid. Depuis 1810, la division des chefs est patente. Les gouverneurs militaires des provinces du nord de l’Espagne : Catalogne, Aragon, Navarre, Biscaye, Asturies, d’est en ouest, reçoivent directement les ordres de l’Empereur et les chefs des quatre armées, mis sous le commandement de Joseph, se considèrent indépendants de sa tutelle et n’obéissent plus qu’à l’Empereur. Joseph est isolé et sent bien l’inanité de sa position. Il sert de paravent à son royal frère face à un peuple hostile qui, avec une ironie féroce, le traite de “Pepe botella” équivalent de “Jojo la bouteille”. Il écrit à son frère : “Que voulez-vous que je fasse, je ne puis cependant pas être, à la fois, roi d’Espagne et général des troupes françaises ! Les généraux s’occupent d’eux d’abord et de leurs régiments. Pour vivre, ils me prennent tous les revenus du pays. Les grands d’Espagne, les ministres et moi-même somment dans une détresse voisine de la misère”. À Tarbes, le couchage des prisonniers de guerre qui ne cessent d’affluer fait partie des soucis de Jean-Pierre Chazal, préfet des Hautes-Pyrénées. Le 7 février 1812, il écrit au maire de Tarbes : “Je vous renvoie, M. le Maire, le procès-verbal d’adjudication du marché consenti au sieur Forano, négociant à Tarbes, pour la fourniture de la paille de couchage des prisonniers de guerre passant par cette ville”. Il s’agit de prisonniers de guerre espagnols faits à Valence. Ils passeront par colonnes de 2000 hommes. La première arrive du 3 au 4 février 1812. La paille de couchage doit être prévue à raison d’une botte de 6 kg pour chaque homme et le bois de chauffage à raison de 1/150e de stère – environ 7 kg – pour chaque prisonnier et par jour. Cette ration est réglementaire pour la période d’hiver qui va du 1er novembre au 1er mars et de moitié moins pour les huit autres mois. À suivre…

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