21 – Bertrand Barère : Un rapport intime à la culture

Maïté Bouyssy affirme que Barère avait un rapport intime aux formes culturelles de son époque. Il confie à l’image un véritable « théâtre de mémoire ». David est sans conteste son peintre préféré. Ce dernier n’a pas omis de le mettre en bonne place dans « Le serment du Jeu de Paume ». Barère demande pour lui des subsides afin qu’il puisse finir cette toile qui ne fut jamais achevée. L’historienne confirme que « les images propagées dépassent les allégories et symboles usuels. Elles rendent compte de moments et de drames concrets…». Barère pratiquait la synthèse et non le compromis, dit-elle. Discrètement remis en selle par la parution du Mémorial anti-britannique, le Premier Consul l’utilisa « tant qu’il crut que ce journal pouvait être utile au moral de l’armée ». Il connaissait le débat sur l’expressionnisme en art et, plus encore, en sculpture. L’historienne attribue cette connaissance « dans une sensibilité acquise dans ses jeunes années tarbaises où le collège est tenu par des Pères de la Doctrine chrétienne, un ordre qui s’est donné pour mission de parler simultanément au peuple et aux élites. Ils réservaient à l’image le soin d’éduquer ». Il rédige 230 notices « dans l’esprit de celles qui accompagnent les salons de peinture du temps, se partageant entre allégories et drames au présent ». Il rend hommage à Racine, fustige toujours l’Angleterre. Amateur de théâtre, il est fasciné par la prestation des acteurs, méprise la pantomime, fait de Molière le dernier grand comique, aime la Duchesnois, son actrice préférée, réputée plus sensible que Mlle Georges, sa rivale, admet Shakespeare, Goethe, Schiller et Byron, critique Chateaubriand. Il n’apprécie pas les nouvelles modes et l’anglophilie mondaine des jeunes gens. Il blâme « l’esprit de supériorité des Français et particulièrement les Parisiens qui ont tous la même pensée, le goût, l’esprit et le style… Les Français sont des monopoleurs de la littérature, ils se croient privilégiés du goût ». Au final, seul l’Opéra trouve grâce à ses yeux. Après 1815, il doit vivre sous un nom d’emprunt M. de Roquefeuille. Pour nous, il écrit toujours ses « feuilles volantes », de vrais tracts politiques. À suivre.

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