Un humaniste au Nouveau Monde

«Pourquoi un comte écossais a-t-il trouvé sa dernière demeure sous un érable dans le vieux cimetière protestant d’Orthez ?» (1). L’histoire de Thomas Douglas, 5e comte de Selkirk, ressemble à un roman de Walter Scott. Né en 1771, à St Mary’s Isle, il fait partie de la grande noblesse, l’élite de l’élite, en quelque sorte. À la table familiale, la discussion tourne sur la place de la représentation écossaise au sein de l’ensemble politique de la Grande-Bretagne. L’acte d’union date du 1er mai 1707. À 15 ans, il entre à l’université d’Édimbourg. Il y suit un cours général de sciences humaines et un enseignement de droit. Il se passionne pour le débat public et devient l’un des responsables de l’abolition de la traite des esclaves en Grande-Bretagne. Philanthrope dans l’âme, il vient au secours de ses compatriotes les plus miséreux en organisant la création de nouvelles colonies au Canada. Jeune membre de la chambre des lords, il dépense sans compter sa fortune, souvent au péril de sa vie, pour aider à l’émigration la petite paysannerie des Highlands qui n’a même pas le droit de faire pâturer son bétail sur les terres communes réservées aux grands éleveurs. Le pouvoir conservateur ne voit pas cette expatriation d’un bon œil. Libéral et humaniste, Lord Selkirk établira des colonies anglaises où l’on accueillera catholiques et protestants sur l’île du Prince Édouard, à Baldoon, à Rivière-Rouge. Confiance et diplomatie avec les Indiens et subsides financiers alimenteront, sans cesse, les émigrés dans la misère. Après la chute de Napoléon, l’action géopolitique d’occupation britannique en lisière des États-Unis sera enfin reconnue. Mais Selkirk est à bout de force, la tuberculose le ronge. Il décide un voyage en Espagne, fait une halte à Pau, le 30 septembre 1819. Conquis par la douceur du climat et les splendeurs automnales, il s’y installe. Il s’éteint le 8 avril 1820 et sera enterré le 15, à Orthez. Historien de formation, imprimeur, éditeur, Jean-Paul Lafont nous entraîne avec bonheur à la suite du riche aventurier dans un récit plein de rebondissements.

(1) «Selkirk, un humaniste au Nouveau Monde» – Jean-Paul Lafont – Éditions Gascogne – mars 2009 – 12 €.

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