Pourquoi tant de navires « faisaient-ils côte » sur le littoral landais ? Les Landais étaient-ils des naufrageurs ? (1). « La tradition orale et/ou la légende affirment que les populations riveraines du Golfe de Gascogne furent de redoutables pilleurs parfois à l’origine des échouements ». L’auteur a consacré une étude sérieuse avec une abondante documentation venant à l’appui de son travail et admet que la réponse est délicate. On sait que les marins parcourant le golfe de Gascogne incitaient les grands bâtiments à éviter la côte des Landes. De 1582 à 1918, les documents d’archives attestent 240 naufrages. Lieux rarement précisés, la commune d’échouement l’était plus souvent. La difficulté pour les navigants résidait dans le manque de repères sur une côte longtemps inhabitée ne présentant aucune particularité physique : cap, rocher, baie, etc. Seules, les embouchures des fleuves côtiers, les courants en particulier, leurs digues, le phare de Contis à partir de 1863, pouvaient servir de repères à condition de s’approcher suffisamment de la terre. Capbreton et Mimizan étaient bien indiqués depuis le XVIe. Tout un trafic côtier avait lieu de Capbreton à Vieux-Boucau attesté par la venue d’Henri de Navarre, en 1585. Ces deux villages, anciennes embouchures de l’Adour détourné par les Bayonnais et Louis de Foix, en 1578, maintiendront, encore, une certaine activité pour les bateaux de pêcheurs au prix d’un désensablage fréquent après les tempêtes meurtrières d’hiver. Plusieurs chercheurs sont venus au secours de l’auteur pour détailler l’histoire du négoce au Vieux-Boucau et la survie du port de Capbreton. Pourquoi faisait-on naufrage ? Approche délicate de ce dernier port et de celui de Bayonne par des voiliers téméraires, accostage violent, au large, d’un voilier corsaire devenu pirate, drossage impitoyable de bâtiments leurrés par le manque de repères visibles. Les vrais naufrageurs n’étaient pas les côtiers Landais mais plutôt le bateau « chasseur » resté au large pour piller l’épave, facile proie dérivante. Un ouvrage fort documenté et passionnant.
1 – «Les Landais étaient-ils des naufrageurs ?» – Jean-Jacques Taillentou – Éditions Gascogne – juin 2015 – 15 €