3 – Vassaux de l’Aragon

André Delpech : « En dépit des affirmations partisanes de nombreux écrivains occitans, les comtes de Toulouse recherchèrent bien avant le déferlement de la Croisade Albigeoise l’aide et l’alliance française ». La preuve : Raymond V de Toulouse épousa Constance de France, sœur du roi Louis VII qui lui donna le futur Raymond VI. Le 25 avril 1196, Alphonse II roi d’Aragon décède à Perpignan. Au même moment, Pétronille de Bigorre atteint l’âge légal de 12 ans. Le 1er juin 1196, elle est unie à Gaston VI Moncade âgé de 24 ans. Le mariage a lieu en l’église Sainte-Marie-de-Muret qui se trouve à Maslacq, près d’Orthez. La cérémonie est simple. Les futurs époux se tiennent de part et d’autre de l’officiant, lui à droite, elle à gauche et chacun d’eux prononce la formule « Moi, je te donne mon corps » à laquelle on répond « Je le reçois ». « Ensuite le mari passait l’anneau à l’annulaire de son épouse. L’on croyait alors qu’une veine partait de l’annulaire et allait directement au cœur ». L’abbé Bernard de Sauvelade bénit cette union. Par ce mariage, Gaston VI de Béarn renforce la cohérence de son territoire. Par le nord, il pénètre dans la vicomté de Marsan – centrée autour de Mont-de-Marsan qui englobe également le Tursan centré sur Aire-sur-Adour – qui appartient à sa jeune épouse. Poursuivant sa marche, il se dirige vers la vicomté de Gabarret ou Gabardan – cantons de Gabarret (Landes), Cazaubon et Montréal (Gers) – Puis il accède à la vicomté de Brulhois centrée autour de Bruch et La Plume (Lot-et-Garonne). L’auteur précise que pour le Marsan, Gabardan et Brulhois, Gaston et Pétronille relèvent de la suzeraineté des ducs de Gascogne et donc des rois d’Angleterre. En 1201, Gaston VI Moncade est à Huesca où il rencontre Pierre II roi d’Aragon. Le fils du défunt Alphonse II a formé le projet de détenir la presque totalité du Golfe du Lion et, pour se faire, il tente auprès de Gaston VI la réconciliation entre les maisons de Béarn, de Bigorre et de Comminges. Il se rend à Morlaàs pour « enfoncer le clou » comme l’on dit aujourd’hui, et ne manque pas de faire appel à la raison de son hôte. Constatation évidente : Pétronille n’est pas dans ces tractations-là. À suivre…

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