L’enfant d’un prisonnier de guerre 1940-1945

« C’est l’histoire peu commune d’un amour interdit entre un prisonnier de guerre français du Béarn dans les Basses-Pyrénées et une femme allemande originaire des Sudètes » (1). Pour les amours hors-la-loi, le IIIe Reich a promulgué des interdictions sévères qui vont jusqu’à la peine de mort. Cet ouvrage relate le récit d’Émilie, fille de Franziska qui habitait Bärringen, en République Tchèque. En 1946, Émilie et son mari français Jean reviennent au pays. Le récit commence par l’arrivée de trois fonctionnaires de la Gestapo chez Anna et Heinrich Endt, grands-parents d’un nourrisson prénommé Émilie Endt pour le soustraire à une mère « indigne » car « la fornication entre les femmes allemandes et les prisonniers de guerre est strictement interdite par la loi du Reich ». L’opération d’aryanisation des enfants interdits bat son plein. Le ton est donné. Émilie précise qu’en ces années de guerre, dans ce territoire des Sudètes qu’Hitler a annexé dès 1938, on y parle allemand. Elle y a vécu des années heureuses dans ce petit paradis niché au creux de la montagne. L’hiver dure très longtemps et la neige tombe pendant des mois. La famille Endt a toujours possédé une maison, un jardin et quelques bêtes. Aussi, faut-il constituer des réserves et cultiver un sol pauvre. Heinrich commence à se fatiguer. En Béarn, à L’Hôpital d’Orion, un grand propriétaire donne du travail. Il le veut irréprochable. Jules, ouvrier de ferme, ne connaît que le monde paysan. À 20 ans, il est fait prisonnier et expédié dans une ferme de Bärringen où les propriétaires l’accueillent chaleureusement. Enfin, un homme jeune qui pourra seconder le labeur d’Henrich vieillissant. Jules est un taiseux poli, travailleur, qui sait rester à sa place. Il mange à la table des patrons et la présence de Franziska, tous les midis, l’attire irrésistiblement. Quelques mois plus tard, Émilie est là. La dénonciation d’un villageois va engendrer un dénouement dramatique pour les amoureux. Fourmillant de détails historiques, la sensibilité et l’émotion transmises par Virginie Picaut transcendent ce récit à peine romancé.

1 – «La fille du Français» – Virginie Picaut – Éditions Gascogne – septembre 2014 – 18 € TTC.

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