Richelieu revisité

Que l’on s’imagine le cardinal de Richelieu, assis devant sa table de travail, écrivant une sorte de rétrospective des grands moments de sa vie à l’intention des « chères lectrices et chers lecteurs ». Soit une confession rédigée le 28 novembre 1642 en son Palais-Cardinal, à Paris (1). Heureusement que l’auteur indique, en première de couverture, qu’il s’agit d’une biographie romancée car on pourrait s’y tromper tant la narration retient l’attention par la qualité d’écriture et la documentation importante qu’il a fallu réunir pour rendre crédible ce récit d’Armand-Jean du Plessis, Cardinal-duc de Richelieu. De sa naissance, en 1585, à son ascension à Paris, Richelieu est d’abord destiné à une carrière militaire. Né le 9 septembre 1585, à Paris, en l’hôtel de Losse, près de l’Hôtel du Louvre, il est issu d’une noblesse d’épée par son père François du Plessis de Richelieu et de robe par sa mère Suzanne de la Porte. Son père a 18 ans à sa naissance et il y a eu, déjà, Henri, l’aîné, Alphonse et Françoise. La famille possède des fiefs notamment chez les Protestants qui refusent de payer. Nous sommes en période des guerres de religion qui sévissent rudement. En 1590, le père meurt d’une « fièvre nuisible ». La famille vivra dans une grande gêne sinon de pauvreté. La mère se débattra avec les créanciers retors de son père. En 1602, Alphonse, devenu moine, renonce à l’évêché de Luçon donné par Henri III. Richelieu est nommé évêque de cette ville à 22 ans. En 1616, à 31 ans, il est ministre de Concino Concini qui sera assassiné par les hommes de Louis XIII. Richelieu rentre alors en disgrâce et apparaîtra aux yeux du Monarque comme la créature de Concini. Suivront des années de traversée du désert mais il ne désespère en rien de parvenir un jour au rang de Premier ministre du jeune roi. À 37 ans, il est fait cardinal et modernisera le royaume avec, enfin, la bénédiction de Louis XIII qui a reconnu ses compétences et sa loyauté aux Lys de France. L’auteur s’est attelé à un exercice difficile qu’il maîtrise avec brio. Ce testament imaginaire est une réussite.

  1. «Moi, Richelieu» d’Eric Leclercq – Biographie romancée – 235 pages – septembre 2014 – Editions Gascogne – 18 €.

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