80 – Us et coutumes dans les H.P

La Foire des Chevriers – Cette foire, qui se tient le 9 octobre, à Vic-en-Bigorre, n’est indiquée par aucune affiche spéciale, ne figure sur aucun almanach, précise Norbert Rosapelly. Poulou, l’acheteur, est parti d’Arbéost, son village natal, pour être le 7, à Morlaàs et le 9, à Vic. Les chevriers des cantons à la ronde conduisent leurs bêtes boiteuses ou trop vieilles. La foire du lundi est précédée d’un copieux et interminable repas réunissant vendeurs et acheteurs au restaurant des Allées. Il est difficile de dénombrer les tasses et les pichets de pique-poult absorbés. Après cette beuverie, les affaires se traitent. Les transactions n’ont pas lieu sur une place unique, mais dans les nombreuses auberges où sont momentanément enfermées les chèvres. Et chaque affaire entraîne force libations. Rosapelly les a entendus : « Les jurons les plus violents sont proférés. Les serments les plus sacrés sont jetés à la face des récalcitrants qui ripostent par de sonores « Diou biban » scandés de topements énergiques de main. Ils étaient 26 vendeurs faisant autant de bruit que 60. L’acheteur, taciturne, moins gris que les vendeurs, se défendait comme un beau diable, trouvant toutes les chèvres maigres, trop chères, et finalement n’en voulant aucune, à moins qu’on ne les lui donnât pour le prix qu’il en offrait. Tour à tour suppliant, menaçant, dédaigneux, sa face de bique édentée, éclairée de petits yeux malins, Poulou restait impassible au milieu des chevriers, titubant lourdement sur leurs makilas. Le soir venu, Poulou d’Arbéost, son troupeau réuni, s’est préparé par un plantureux souper à continuer sa route vers l’Aude en passant par Rabastens, Miélan, Mirande…Malgré ses 86 ans, narguant les dyspepsies, Poulou, la fourchette en main, tiendra tête à de plus jeunes chevriers que lui ». Les troupeaux descendent de la montagne les premiers jours d’octobre. Ils se dirigent vers les grandes villes du Centre de la France, des départements du Nord et de la Belgique. Les vachers s’arrêtent dans la plaine de Tarbes et, souvent, chez le même propriétaire. Les troupeaux de bêtes à laine vont plus avant, vers l’Agenais et la Gironde. À suivre…

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