J’ai vu plusieurs courses landaises, je n’ai jamais compris les subtilités des écarts sur la feinte, le saut, à la course, de l’ange, du tourniquet, au mouchoir, périlleux ou vrillé. Je remercie les auteurs qui ont réalisé cet ouvrage magnifiquement illustré permettant la compréhension immédiate des figures imposées de cet art beaucoup moins médiatisé que la corrida (1). Dès le sommaire, on sait que l’écarteur a l’âme d’un torero et que sa passion était déjà partagée par les Crétois; c’est dire l’ancienneté. Un bref historique place la course landaise dans son rôle. Elle se distingue de la corrida espagnole ou portugaise, recortadores ou camarguaise. Ici, pas de cape ni de muleta, mais une lutte de tous les dangers. Les acteurs sont, souvent, d’anciens gymnastes car réaliser un saut de l’ange entre un berceau de cornes qui a tendance à se relever brutalement, reste un exercice redoutable mêlant agilité folle et sang-froid à toute épreuve. Ces « mousquetaires intrépides des arènes » pratiquent un jargon enflammé dans un terroir bien délimité d’Aire-sur-l’Adour à Dax, Pomarez à Mont-de-Marsan, Samadet à Saint-Sever, Nogaro à Garlin. Je me suis laissé dire que Pomarez était la Mecque de cet art pour les connaisseurs. Le gymnaste-torero doit avoir une présentation irréprochable, un costume chatoyant et des nerfs d’acier pour vaincre le stress de l’attente. Il est noté sur ces écarts variés corne forte puis corne faible. Les vaches « coursières » sont aussi notées pour un classement annuel des ganaderias. La fête a aussi ces figures légendaires : Mazzantini, Ramuntchito, Doussau, etc. Le torero a peur du coup de tête ou de sabot rageur d’une vicieuse provoquant «tumades» douloureuses sur l’artiste; il faut se relever coûte que coûte et affronter pour une nouvelle volte. Alors, l’arène exulte…Cet art a aussi son hymne « La Cazérienne » du poète Georges Randé (1906) : «Salut toréador dont l’œil jette la flamme…». Un beau livre didactique, indispensable aux non éclairés et très utile aux amateurs.
(1) «Comprendre la course landaise» de Nicolas Vergonzeanne et Cyrille Vidal – Éditions Atlantica – 227 p – Avril 2014 – 16 € TTC.