La révolte du Midi viticole

De mars à juin 1907, de Perpignan à Nîmes, la révolte gronde dans le Midi viticole (1). Des centaines de milliers de manifestants, des émeutes éclatent, on compte les morts, les maires démissionnent. Pourtant, la région est républicaine, mais elle est poussée au désespoir par la mévente du vin. L’armée est appelée à la rescousse pour rétablir l’ordre. La sanction tombe : les mutins sont envoyés à Gafsa, en Tunisie, le calme revient; Clemenceau triomphe. Depuis, la révolte du Midi et la mutinerie sont entrées à jamais dans la mémoire collective. Tout avait commencé au petit matin du 11 mars 1907. À l’appel de Marcelin Albert et au son d’un clairon qui sera offert, plus tard, à Staline, s’ébranlent les «87 fous d’Argelliers», commune viticole de l’Aude. Ils se retrouveront 500000, le dimanche 9 juin, à Montpellier. Ce mouvement populaire, né dans les villages, va devenir en l’espace de trois mois une affaire d’État. Les manifestants sont accompagnés par leurs femmes et enfants et Mgr de Cabrières, évêque de Montpellier, fera ouvrir la cathédrale pour qu’ils puissent se reposer, dès le 8 juin au soir. C’est une ambiance de révolution : «Mort aux fraudeurs !», «Justice pour le vin !», «Vive le vin naturel !». Vendu 20 F l’hectolitre, en 1900, les cours ont dramatiquement baissé jusqu’à 5 F, l’année suivante. La fraude et une chaptalisation excessive ont fait le reste. Du 20 au 21 juin, quatre points chauds : Perpignan, Béziers, Paulhan, Montpellier. Les milliers de petits viticulteurs détestent Georges Clemenceau «qui protège les betteraviers du Nord». Les auteurs racontent par le détail le recrutement local des 2 bataillons du 17e R.I de Béziers ainsi que leur mutinerie. Les témoignages de 9 d’entr’eux éclairent la colère de toute une population qui ne vit que par le vin; mais ils ne connaissent même pas la punition qu’ils encourent ! La paix revenue, le Parlement votera une surtaxe sur les sucres destinés à la chaptalisation ! Épilogue. Un très beau livre, excellemment documenté,  à lire avant les vendanges.

 

(1) «1907 Les mutins de la République» – Rémy Pech et Jules Maurin – Éditions Privat – mars 2013 – 19 € TTC.

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