36 – Us et coutumes dans les H.P – Culte des fontaines (suite)

La sainteté du voisinage donnait à ces fontaines le caractère d’eau lustrale. Telle celle de Gleyze-Vieille qui dépendait de Sarriac. Les gens de Bazillac s’y rendaient en procession « la seconde feste de Pentecoste » et le prêtre qui dirigeait la procession y disait la messe. Tombée en ruines, vers 1887, la fontaine attirait encore dans la première moitié du XXe siècle, le matin de la Saint Jean, quelques rares malades. Norbert Rosapelly y a vu, ce jour-là, de la menue monnaie et des linges sanguinolents. Des anciens lui racontaient des guérisons miraculeuses mais n’en étaient pas témoins. En 1906, il y trouva une poule noire jetée à la suite d’une incantation. Le vieillard auteur de cet acte de magie ne contesta pas le fait. À Madiran, la fontaine de Sainte-Poupétte sourd d’une roche en forme de tétins. Elle favorisait la sortie du lait des mamelles des femmes. À Larreule, la fontaine des « Escoubous » était célèbre pour la légende de l’évêque de Sutri, nommé Ezzelin, revenant d’un pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle qui parcourait à pied nos campagnes. Auprès de lui, « les malades recouvraient la santé, les pauvres revenaient consolés ». Sur le flanc des coteaux qui séparent Béarn et Bigorre, le vieux pèlerin se sentit épuisé de fatigue. Cherchant en vain un point d’eau autour de lui, il frappa le sol de son bourdon et fit apparaître une source merveilleuse. À sa mort subite, les habitants de Montségur et de Lahitte placèrent le corps du saint sur un char attelé à quatre bœufs qui résistèrent à l’aiguillon du bouvier puis, d’un coup, s’élancèrent à une vitesse folle jusqu’aux portes du monastère. Transportés de joie, les moines recueillirent les vénérables reliques qu’ils déposèrent dans leur église. Un oratoire s’éleva auprès de la fontaine qui jaillit à la voix d’Ezzelin. Au Moyen Âge, les malades accouraient de loin. Norbert Rosapelly a vu le tarissement partiel de la fontaine mais, par deux fois, le 1er mai et le 15 août, une procession solennelle se rendait encore de la vieille église abbatiale à la croix de bois qui marque le lieu où le vieux pèlerin mourut il y a mille ans. À suivre…

Laisser un commentaire