Les Compagnons : l’écoute et la transmission

Bâtisseurs de nos cathédrales dans l’imaginaire collectif, les Compagnons sont des artisans en quête d’un idéal esthétique et architectural nous disent les auteurs (1). Deux parties : une plongée au cœur des métiers du Bâtiment, puis un résumé de six siècles d’histoire et deux mille ans de légendes. Les textes, soutenus par de superbes photos d’un monde un peu secret, donnent à cet ouvrage une grande force documentaire. Un vocabulaire particulier, des cours de perfectionnement technique reçus en chemise, veste et cravate; non, vous rencontrerez peu de ces jeunes gens dans les cortèges bruyants revendicatifs. Ils ont ressenti un appel, une envie, une vocation, pour la vie. «Le chemin est celui du travail, une approche de la matière qui passe par l’esprit». Ils ont eu un père ou connu des artisans au patronyme pittoresque : «Gascon va de bon cœur», «Languedoc la Clé des Cœurs», «Toulousain l’Exemple de son Père», etc. Dès 13-14 ans, ils ont «croisé les symboles, l’équerre, le compas, et tout cela les fascinait». Tout d’abord l’apprentissage jusqu’au C.A.P, couleur bleue à 16 ans, verte à 17, puis des séjours chez des maîtres artisans, anciens compagnons eux-mêmes, avec la préparation du «chef-d’œuvre», certificat de passage avant l’invitation au «Tour de France». Discrets, ils fréquenteront les «cayennes» (sièges) où la «mère», véritable maman de substitution, les accueillera, les consolera et les nourrira. De chantier en chantier, ils étudieront et perfectionneront leur «trait», science secrète venue d’Hicham, l’architecte assassiné, avant de commencer leur tâche. Pour eux, le Graal c’est de comprendre «l’enchevêtrement diabolique des poutres, dans une géométrie que l’on devine parfaite».Ils réparent les plus grands monuments de notre pays. Si notre société est morose, aujourd’hui, nos jeunes «artistes» sont heureux et croient à l’avenir de notre savoir-faire ancestral. Un très bel ouvrage que je recommande vivement.

 

(1) «Etre Compagnon aujourd’hui» – Dominique Delpiroux, Laurent Bastard, photos : Alain Félix – Éditions Privat – mars 2013 – 32 € TTC.

 

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