Nous avons vu l’importance accordée aux souliers, cet équipement de luxe. Deux siècles plus tard, en 1813-1814, les soldats de l’Empire du maréchal Soult retraitent de Vitoria à Toulouse, via le pays Basque et la Bigorre, sans souliers. Les gardes ou trésoriers d’Andrest font figurer dans leurs comptes, la fourniture de souliers aux premiers magistrats de la ville. En 1658, le garde a payé pour les Consuls  « comme de coutume » 12 livres et 5 sols pour les quatre paires de souliers.  En 1663 et 1694, même facture. A Saint-Lézer, les souliers étaient offerts aux officiers municipaux ainsi qu’aux conscrits et aux nouveaux mariés. Un vicquois heureux : le sieur Jean Dauliac, cordonnier, qui reçoit de Jean Laforgue, trésorier de la communauté, 12 livres annuels pour chausser de souliers les consuls de la ville. Ces dons se perpétueront jusqu’au 26 octobre 1796. Dans son compte pour les années 1789-1793, le marguillier d’Artagnan porte en dépense 8 livres pour « 2 paires de souliers pour les acolytes servant la messe ». Des comptes de souliers à la comptabilité communale il n’y a qu’un pas. Un certain M. Dupont, de Barèges, rappelait à un voyageur que « le rôle des impositions se fait, de temps immémorial, sur des morceaux de bois, qu’ils appellent « totchou » (bâton) ». Norbert Rosapelly précise que les communautés de montagne ont chacune leur totchou sur lequel le secrétaire fait avec un couteau des chiffres romains dont eux seuls connaissent la valeur. En 1784, l’Intendant d’Auch demanda au secrétaire du village d’Artalens de lui apporter les anciens registres. Ce dernier lui fit livrer deux charretées de totchoux et « les commis n’y purent rien comprendre ». Ce n’était pas seulement dans les hautes vallées que le recouvrement des impôts était consigné sur des bâtons. Cet usage était aussi en vigueur à Andrest, le plus gros village du canton de Vic-en-Bigorre et ce devait être, sans doute, le seul lieu de la plaine où l’on faisait usage du totchou pour l’inscription du paiement de la taille. A suivre…