Trois ans en Enfer

Récit implacable, parfois insoutenable, recueilli de la bouche d’un héros moderne que la Mort ne voulait malgré une fréquentation intense, pendant 9 ans, et qui s’est éteint, l’été dernier, à l’âge de 98 ans (1). Originaire de Fontihuelo, en Castille, le père de Théo, Julio Francos mène une vie de forçat agricole qui apprend à lire dans la Bible. Les propriétaires terriens et le clergé du village sont abjects tant ils exploitent et affament leurs esclaves. Aussi, Julio, Feliciana et leurs deux enfants fuient la misère de leur terre chérie et arrivent à Bayonne, au printemps de 1909. Ils logent au 11 de la rue Passemillion. Le père travaille aux Forges de l’Adour, au Boucau. Il part se battre, en 1914. En 1918, il retrouve le petit Théo et lui inculque l’amour de sa terre de naissance et la gratitude envers celle qui les nourrit maintenant. Adolescent, Théo est séduit par l’amitié de camarades communistes. L’amour de la justice pour tous guidera ses premiers pas d’homme. Puis, c’est la guerre d’Espagne, en 1936, pour défendre la République. Il est de toutes les batailles menées par les Brigades Internationales. Arrêté à Alicante, en 1939, il survit miraculeusement à plusieurs camps et prisons franquistes. Deux évasions et une condamnation à mort plus tard, il embarque pour l’Angleterre en lutte contre tous les fascismes. Il les connaît bien : Phalange de Franco, Légion de Yagüe, Requetés carlistes venus de Navarre, «Los Moros» du Maroc. Il rejoint les Forces françaises libres. Périlleuses missions en France, combats en Sicile, aux Pays-Bas. Notre héros revient à Bayonne, vainqueur au patronyme inconnu des services officiels, sinon une étiquette…communiste. La réhabilitation viendra des années plus tard. Une trajectoire héroïque et une double vision d’espoir permanente : le cher visage de Feliciana, sa mère, et les flèches de la Cathédrale. Une documentation sérieuse, un récit  au service d’un des plus beaux témoignages sur la période.


(1) «Un automne pour Madrid – L’histoire de Théo Francos» – Christine Diger – Éditions Atlantica – décembre 2012 – 20 €.


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