Le grand Adolphe Jauréguy

Jauréguy Adolphe est né dans le village basque d’Ostabat, le 16 février 1908. Tous les dimanches, à l’heure des vêpres, l’abbé Basiastéguy court chercher vers le fronton voisin les enfants de chœur qui lui font défaut. Adolphe a dix ans et l’abbé, pilotari renommé, corrige sa gestuelle défectueuse. Son jeu favori : courir les ânes échappés dans le maquis d’Ostabat et les monter à cru. À douze ans, le sauvageon est conduit au collège de Bagnères-de-Bigorre. Il y restera sept ans. La transition sera rude. Son frère Pierre, futur international, l’initie au rugby pendant les vacances. Il est admis dans l’équipe des «Bruyères» du collège. Balle en mains, ce sprinter né est vite remarqué. Rencontre contre la «Pyrénéenne» du collège de Tarbes. Le trois-quart centre adverse gagne le match à lui tout seul : François Borde. Baccalauréat de philosophie en poche, il le retrouve au lycée de Tarbes. Tous deux sont sélectionnés par l’ancêtre adulé Jules Soulé dans l’équipe du Sud. Puis, mobilisé dans l’artillerie en novembre 1917, il monte au front jusqu’en février 1918 où il reçoit une convocation pour le match France-Nouvelle-Zélande. Il se fait remarquer sur quelques brillantes offensives. L’Armistice est déclaré. Retour en gare de Tarbes où une faiblesse passagère le conduit à l’hôpital de la ville. Il y retrouve son ami Borde et Aimé Cassayet. Puis, la glorieuse trajectoire se déroule : finale France-Amérique aux Interalliés, l’école de Joinville, le Racing-Club de France, les matches du Tournoi des Cinq-Nations, l’engagement au Stade Toulousain, deux fois champion de France. Les souvenirs du champion sont intacts et truculents : dirigeants, supporters, capitaine du 15 de France, rugby des années 1920. Pur-sang de 1,84 m, puissant et souple, qualités acquises par la pratique de la pelote basque, il sera champion d’Armagnac-Bigorre sur 100 m (11’’) et 400 m (51’’). D’un style aussi alerte que sa foulée, ce récit ravira tous les aficionados.

(1) « Adolphe Jauréguy – Souvenirs de rugby » – Adolphe Jauréguy – Éditions Atlantica – décembre 2012 – 12 € TTC.


Laisser un commentaire