Paule Rosapelly née Dupouts, mère de Norbert Rosapelly, était une femme énergique qui n’avait de cesse de développer et embellir l’héritage de ses ascendants, en l’occurence une belle maison d’habitation, rue des Écoles, et la propriété de Mulato – 20 ha – à l’angle de la route de Caixon. Avec l’aide d’un couple de domestiques, elle appliquait des méthodes modernes. Elle fut la première propriétaire du département à utiliser la charrue en fer et la fameuse mécanique. Elle s’essaya même à l’élevage du ver à soie. Elle obtint des prix à des concours départementaux pour la qualité de son blé et de ses animaux de basse-cour, de 1867 à 1869. Elle fut une des premières femmes décorées du Mérite Agricole, en 1889, fait rarissime dans les Pyrénées à cette époque. Rolande Bonnain, ethnologue, estime, avec juste raison, que c’est d’elle que Norbert Rosapelly tenait son amour de la terre ainsi qu’une belle rigueur d’esprit. Celui-ci poursuit des études de droit, devient receveur municipal et receveur de l’hôpital Saint-Jacques de Vic-en-Bigorre, en 1881, l’année même où Joseph Fitte, grande figure du radicalisme méridional, entre à la mairie. D’idées politiques fort différentes, les deux hommes cohabitèrent en bonne harmonie, semble-t-il. Norbert Rosapelly percevait les droits de place au marché et toutes les taxes afférentes à l’occupation de l’espace communal. À l’hôpital, il encaissait les rentes sur l’État et les particuliers, les loyers et les fermages de cet établissement et réglait toutes les dépenses. Pour autant, il ne négligeait pas sa propre métairie. En 1886, il épouse Jeanne, Anne, Marie Dubarry, fille d’un chapelier tarbais, qui lui donne un fils Paul, Dominique Rosapelly. Jeanne mourra en 1906 et Norbert ne se remariera pas. Il agrandira la propriété familiale d’une dizaine d’hectares, sera nommé chevalier du Mérite Agricole, en 1892, officier en 1904, et recevra la médaille d’or pour sa ferme de Mulato, la mieux tenue du canton. 

“Traditions et coutumes des Hautes-Pyrénées” – Norbert Rosapelly – Préface Rolande Bonain – Edition Société Académique des Hautes-Pyrénées – 1990.