Les héros de la Grande Boucle

C’est le genre de petit ouvrage qu’apprécierait, j’en suis sûr, mon confrère Christian Laborde (1). Originaire de la Haute Lande, l’auteur est un passionné de cyclisme et particulièrement des Tours de France des années 1961 à 1977, celles de son enfance. Les exploits d’Anquetil, Poulidor, Pingeon, Merckx, Gimondi, Ocaña, Thévenet, vedettes du Miroir Sprint, le fascinent au plus haut point. Aujourd’hui, il regarde dans les yeux de ses trois fils les progrès de cet héritage «qu’il convient de transmettre généreusement, sans la moindre réserve». Ah ! La musique assourdissante de la caravane publicitaire qui se confond avec le refrain lancinant des dérailleurs, dit-il et d’ajouter : «Que serait notre mois de juillet sans la plus fantastique épreuve cycliste du monde ?». Du coup, le fils aîné se passionne pour l’histoire de la Grande Boucle racontée par Marcel Bidot, l’emblématique directeur sportif des Louison Bobet et Jacques Anquetil. Le fils cadet regarde interloqué la chute de Roger Rivière dans la descente du Perjuret. Et le petit dernier lui demande «Papa, raconte-moi les coureurs!». J’ai adoré le style de ce conteur né, précis sur tous les détails de sa journée d’enfant lors d’une course cycliste au cœur du village en liesse. Au repas de midi, c’était le défilé des poules farcies et le vin coulait à flots. Lui, s’impatientait et n’aspirait qu’à voir tourner dans le carousel les Périn (Lot-et-Garonne), Dolhats (Landes) et Delort (Gironde). Les photos sépia des faits d’armes glorieux des Roger Pingeon puis Louis Ocaña ornaient sa chambre. Eddy Merckx domptant les Italiens sur leurs terres ainsi que le passage de Julio Gimenez au sommet du Ventoux, sous une chaleur accablante, le ravissait. Les journalistes Augendre, Chany, Leuillot, Clare et Dutein étaient au cœur de l’action pour le passage de l’Aubisque, Tourmalet, Aspin et Peyresourde, «des lieux d’appellation contrôlée», comme les qualifiait Antoine Blondin. Le récit est brillant. Il fait remonter à la surface de notre mémoire éblouie notre enfance insouciante.

 

(1) « Le Tour en héritage » – Bertrand Lucq – Éditions Gascogne – juin 2007 – 12 € TTC.

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