Demblée, lauteur pose une question : «Que se cache-t-il derrière la médiatique controverse de la réintroduction de lours qui affecte les Pyrénées et ses habitants de puis quatre décennies» (1). Faut-il y voir de réelles préoccupations dordre écologique ou un prétexte qui servirait des intérêts et des ambitions cachés ? Lors dun colloque fondateur de 1975, une association dédiée à la protection de lours (FIEP) met en avant le postulat que lours brun (Ursus arctos) des Pyrénées sinscrit dans une problématique «qui exige des solutions urgentes pour que lours et le berger puissent vivre chez eux, dans les Pyrénées». Or cette espèce est représentée en Europe par 50000 individus et dans le monde par 250000 spécimens. Paradoxalement, lUnion internationale pour la conservation de la nature (IUCN) ne la classe pas dans la catégorie des animaux en grande vulnérabilité et, même, la considère comme une espèce largement répandue en Amérique, Europe (Espagne, Italie, Suède) et Asie. Et lauteur de souligner que la vitesse et limprécision ont prévalu pour désigner lhomme, acteur non naturel, comme le coupable. Ici, commence une démonstration magistrale de la déforestation française à travers les siècles et, principalement, à partir de la Révolution française dans les départements concernés au premier chef, soit lAriège, les Basses-Pyrénées et les Hautes-Pyrénées, derniers îlots de nature devenus uniques refuges géographiques devant laugmentation des territoires habités et cultivés par lhomme. Ce phénomène régressif pour lours brun est parfaitement démontré dans la déforestation ariégeoise due à lextraction du charbon de bois pour les mines de fer. Trois campagnes de réintroduction de lours plus tard, lauteur constate «la persistance des boniments face à la pertinence des arguments». Dans cet ouvrage de réflexion, David Chétrit englobe autant laspect philosophique du sujet que sa dimension écologique.
(1) « La réintroduction de lours, lhistoire dune manipulation » – David Chétrit – Éditions Privat – avril 2012 – 18 TTC.