Une idée certaine du Rugby

En cette période d’après coupe du monde, il était bon qu’un correspondant sportif rappelât la difficulté d’atteindre et de se maintenir au plus haut niveau de l’élite du rugby français (1). Huit fois champion de France, six fois vainqueur du challenge Yves du Manoir, deux fois détenteur de la coupe de France, le F.C.L peut s’enorgueillir d’un palmarès prestigieux. Épopée extraordinaire. Mais, qu’en reste-t-il aujourd’hui ? Pour les médias, le club lourdais n’existe plus, il a été «chassé de la cour des grands». Pourquoi ? Le professionnalisme est inaccessible aux budgets modestes et le prestige du clocher, devenu une notion surannée, brille faiblement sur l’écran des plus jeunes et ne participe pas au débat cathodique. Le mérite de l’auteur est d’avoir su relater l’histoire de ce grand club et d’entretenir, pour l’avenir, une petite flamme contre vents et marées. Le monde de l’ovalie est plein de rebondissements. Jean Abadie retrace avec précision la longue maturation du club, ses présidents pionniers, ses acteurs sportifs, la période d’avant 1948 en somme. Après cette date et le premier titre de champion de France, c’est la lumière et la gloire. Le vivier des jeunes pousses locales et l’attrait exercé auprès des bons joueurs régionaux par cette équipe première constellée d’internationaux avec, à leur tête, Jean Prat, le prestigieux M. Rugby, feront de Lourdes une ville sportive qui attirera d’autres pèlerins, venus de fort loin, pour goûter à un jeu merveilleux où le ballon devait «vivre» jusqu’à l’ailier sous peine de la déconsidération populaire. Je me suis plongé avec délice dans le récit de Jean Abadie où des personnages d’épopée ont fait pâlir, un temps, la lumière des sanctuaires.

 

(1) «Lourdes, une certaine idée du rugby pour survivre avec son temps» – Jean Abadie -Editions Atlantica – avril 2006 – 20€.

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