Pour Claire Dalzin, le pari est réussi (1). Qui ne connaissait les ouvrages d’André Galicia sur le Haut-Aragon, le découvreur de Lucien Briet, il y a déjà 25 ans. Il fallait être rudement passionné et opiniâtre pour aborder le sujet, à nouveau, avec le devoir d’intéresser le lecteur et les amoureux du haut pays. C’est en 1889 qu’arrive Lucien Briet dans les Pyrénées. Cet autodidacte picard ne possède dans ses bagages que les écrits de Ramond de Carbonnières et un appareil photographique. C’était peu et suffisant pour faire partie des pionniers de l’épopée pyrénéiste, à la fin du XIXe siècle. Douze ans plus tard, il veut étendre son champ d’action au Haut-Aragon, une région enclavée, sinon sauvage, située sur l’autre versant des Pyrénées entre Catalogne et Navarre. Véritable pyrénéiste, il le devient, certes, mais le photographe qu’il est va produire des clichés exceptionnels. Ce n’est pas le moindre mérite de l’auteure que d’avoir repris le périple de « l’ethnologue » Briet et de présenter au lecteur le parallèle entre photos d’hier et d’aujourd’hui. Que constate-t-on ? Que la guerre civile de 1936-1939, l’exode rural et la déforestation « ont chassé les habitants, modifié les paysages et les écosystèmes », c’est une évidence mais ces magnifiques carnets de photos parlent d’eux-mêmes : ils sécrètent une forte nostalgie. Ce pas à pas, dans le sillage de Lucien Briet, donne envie d’aller y voir dès les premiers beaux jours. Les jeunes pyrénéistes tireront de nombreux enseignements des récits de Claire Dalzin. Comme Lucien Briet, elle a revécu ses campagnes, jusqu’au mois d’octobre 1911, partagé son enthousiasme pour les beautés naturelles du Haut-Aragon et fait vibrer sa plume pour notre plus grand plaisir. Un ouvrage qu’il faut garder dans sa bibliothèque.

(1) « 1902-1911-A travers le Haut-Aragon dans les pas de Lucien Briet » – Claire Dalzin – Editions Cairn – mars 2007 – 40 €.