Des nouvelles de La Dépêche

Tout commence avec les rassemblements inquiets de la population toulousaine devant les dépêches placardées aux abords de la Préfecture et sur la place du Capitole (1). Jules Picot et Clément Rivière, deux typographes de l’imprimerie familiale Bernard Sirven, commentent la défaite prochaine de l’armée française devant l’envahisseur prussien, en 1870. L’économie va mal, la fermeture n’est pas loin. Et pourquoi ne proposeraient-ils pas à leur patron la création d’un journal ? L’imprimeur hésite mais l’espoir de tirer à 8000 exemplaires ou plus pour des Toulousains avides de connaître les dépêches du front l’emporte. La Dépêche est née. Ensuite, le combat des mineurs grévistes de Carmaux qui tentent de créer une « verrerie pour les verriers ». Recueillir 400000 F, pari impossible ? Maurice Sarrraut, journaliste de La Dépêche, va courageusement relayer les efforts du tribun Jean Jaurès. Le dernier gros prêteur avertit sceptique : « Le socialisme ne fait pas bon ménage avec le commerce ». La verrerie voit le jour à Albi. Puis, c’est l’épisode de la révolte des vignerons, en 1907 et l’attitude héroïque d’Albert Marcellin, maire de Narbonne et Ernest Ferroul, leader charismatique, soutenus par les frères Sarraut, l’un au Parlement, l’autre à La Dépêche. S’ensuit dans un style qui me fait penser à celui de Maupassant, l’amour de mère d’Émilienne, l’épicière, pour son fils au front, en 1917. Et que dire de l’arrivée dramatique des réfugiés espagnols de 1939, au for de Bellegarde et au Perthus, accueillis par le ministre Albert Sarraut. Poignant. Je conclus sur le style noir pour traiter de la fidélité du garde du corps Charles Sabatier à la recherche du béret de son bienfaiteur Jean Baylet, revenu de déportation; un grand moment. Pour épilogue, mai 68 et le drame d’AZF dans les locaux du journal. Un roman qui m’a enchanté par son style et sa documentation.

 

(1) « Vite et bien – Des nouvelles de La Dépêche » – Michel Mathe – Editions Privat – Septembre 2010 – 15 €.

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