L’île des Faisans

S’agit-il d’une île, havre de paix de 130 mètres de long sur 15 de large, pour des faisans volatiles ? Pas du tout. Ici, le « faisans » vient du verbe faire (en espagnol faceros), distinction des élus de la vie communale, qui « faisaient ». Précédemment, l’île s’intitulait de l’Hôpital en lien avec l’hôpital de Santiago. Point d’étape important entre Bayonne et Saint-Sébastien sur la route de Saint-Jacques-de-Compostelle, cette minuscule langue de terre plantée au milieu de la Bidassoa est « un condominium  franco-espagnol demeuré à ce jour indivis ». Ce hors-série traite des préparatifs d’une union somptueuse entre Louis XIV et sa cousine l’infante Marie-Thérèse d’Espagne, le 7 novembre 1659, mais aussi d’autres événements d’importance : la rencontre au sommet entre Louis XI, roi de France, et Henri IV (don Enrique) roi de Castille et de Léon, en 1463. L’île est un lieu d’échange entre François Ier, prisonnier à Pavie de Charles-Quint, et ses deux fils François, dauphin de France et le futur Henri II, retenus en otages. Les temps d’animosité à fleur de peau passent et, des deux côtés, l’on cherche une paix durable. En 1612, on prépare les mariages d’Élisabeth dite Isabelle, fille aînée d’Henri IV, avec Philippe IV d’Espagne et de la sœur de ce dernier Anne d’Autriche avec Louis XIII. Transformée en pavillon de bois richement décoré, l’île accueille le faste des deux cours pendant des semaines. L’habileté diplomatique de Mazarin a vaincu toutes les réticences. L’île devient un témoin privilégié des luttes franco-espagnoles durant l’Empire et la Restauration lorsque le marquis de Wellington franchit la Bidassoa, en 1813. L’abdication de l’Empereur n’est plus très loin. Encore aujourd’hui, le pont de Béhobie sur la rivière et l’île des Faisans appartiennent par indivision aux deux pays. Une plaquette qu’il faut se procurer absolument.

 

(1) « Hendaye – L’art de la Paix » – Eric Brothé – Editions Atlantica Magazine – Hors-série 7 novembre 2009 – 5 €.

 

Laisser un commentaire