Les Demoiselles

Enfin, un vrai roman (1). Tout y est. L’écriture, précise, agréable, une intrigue historique qui a dû demander à l’auteur de solides recherches, un lieu : l’Ariège du sud, une époque : la Monarchie de juillet, en 1830, une vie rurale dans les vallées de montagne faite de traditions ancestrales et de refus de « l’étranger », une révolte des habitants de Bersounac devant l’oppression du pouvoir monarchiste et du nouveau Préfet envoyé pour cette tâche; enfin, des dialogues en langue gasconne de cette vallée ariégeoise que les Bigourdans n’auront aucune peine à traduire mais doublés en français. En 1827, un nouveau Code Forestier prive de leurs droits coutumiers les montagnards au profit des Maîtres des forges locales et de leurs charbonniers. Le 27 août 1830, le préfet en exercice Vialettes de Mortarieu est remplacé par le préfet Gauja qui n’accepte pas que ce nouveau règlement soit ignoré, contourné, ridiculisé. Le premier magistrat prévient Gauja : « Ici, deux fléaux : pauvreté et ignorance ! ». Gauja mettra à contribution le 63e Rgt d’infanterie de ligne, caserné à Foix, dont les soldats coucheront chez l’habitant, deux par deux, les deux nouveaux Sous-préfets, les Gardes forestiers quasiment illettrés et prévaricateurs et les maires des villages indociles qui ne peuvent trahir leurs administrés. Devant tant d’adversité qui menace sa survie, les hommes s’organisent et s’enrôlent dans un corps de combattants habillés, grimés et masqués qui seront connus sous le nom de « Demoiselles » de par leur chemise enfilée par-dessus faisant de ce groupe carnavalesque une arme d’intimidation anonyme redoutée tant elle apparaît brusquement chez l’oppresseur, vandalise et disparaît aussi soudainement. Une très belle histoire d’amour entre François, le héros du roman et Berthe, l’orpheline, vient enjoliver la peinture d’une société fière et authentique. Bravo à l’auteur pour les descriptions d’une fresque historique régionale à qui je prédis un franc succès. (1) « Les Demoiselles de la Terre courage» — Jacques Pince — Éditions Privat — mai 2010 — 16 €.

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