Homme de radio, l’auteur a été l’une des voix les plus remarquable de France Inter et l’un des grands conteurs de la radio française (1). Dans mon souvenir, devant le poste familial, je n’aurais jamais manqué l’écoute de la chronique de Robert Arnaut dans les trois séries célèbres : Le Cabaret de l’absurde, Paroles d’hommes et Chroniques sauvages. Avril 1893 – «La Petite-Reine concurrence sérieusement les tramways et les omnibus. Rue d’Alsace-Lorraine, sur les boulevards, le despotisme des cyclistes est absolu. Ils roulent sur les trottoirs, zigzaguent entre les fiacres, effrayent les chevaux et insultent les cochers qui sont à court d’invectives». Octobre 1900 – «M. Deibler, le bourreau de Paris, est venu couper la tête à un pauvre type qui a tué son enfant. Le pont Saint-Michel est interdit à la circulation, la foule s’est amassée sur toute la rive gauche de la Garonnette. Les balcons et les toits sont occupés. Les gens sont trinchés sur des tables, des chaises, des échelles, pour apercevoir vaguement la guillotine». 21 avril et 11 mai 1902 – Le bloc de Gauche l’a emporté avec 340 sièges contre 250. «À la tête du gouvernement Waldeck-Rousseau que tout le monde appelle le petit père Combes. Petit parce qu’il l’est et père parce qu’il a failli être révérend père. Cet ancien séminariste bouffe du curé à pleines dents… Toulouse la «rose» devient Toulouse la «rouge». Novembre 1904 – Charles de Fitte a réhabilité le quartier Saint-Cyprien dévasté par l’inondation furieuse de 1875. 1er août 1914 – Mobilisation générale. «La place du Capitole pourtant noire de monde, est terriblement silencieuse». Au regard des 258 dates retenues par Robert Arnaut, ces quelques extraits représentent en raccourci son écriture précise, documentée, très efficace. Cette fresque qu’occupent sa famille, ses amis, sa ville Toulouse et son pays la France, est un enchantement de verve et de sensibilité. Je recommande ces 462 pages de dépaysement littéraire.

(1) « Les violettes sauvages – chroniques toulousaines 1892-1939 » – Robert Arnaut – Éditions Loubatières – mars 2012 – 25 € TTC.