Épargnés par les déclassements et les envois massifs en fonderie de 1870, trois beaux canons d’époque Louis XV restaurés sont revenus au quartier de l’Arsenal. Je remercie M. Gérard Trémège, Maire de Tarbes, qui, depuis l’acte de vente de l’A.T.S, du 19 juillet 2007, a su les soustraire à d’éventuels appétits mal intentionnés. Aucun courrier, aucune directive, ne précise la date d’arrivée de ces magnifiques pièces d’artillerie française du XVIIIe siècle. On peut imaginer une initiative du fondateur Auguste Verchère de Reffye mais aussi celle d’un de ses successeurs soucieux de rappeler la vocation première de l’établissement qui fut «Atelier de construction de l’Artillerie» à partir de juillet 1872. Michel Decker, Ingénieur en chef de l’Armement, nous éclaire sur la nature et la provenance de ces belles pièces. Les inscriptions qu’elles portent, leur morphologie, leurs proportions et leur ornementation typique les font reconnaître pour des canons à l’ordonnance de 1732. Caractères communs aux canons Pan, Castor et Le Sourd : Les armes et les emblèmes : soleil rayonnant avec devise NEC PLURIBUS IMPAR «Inférieur à personne» du roi de France sur le premier renfort, la maxime ULTIMA RATIO REGUM «Le dernier argument des Rois» attribuée par le cardinal de Richelieu à l’Artillerie royale, en 1628, inscrite sur tous les canons jusqu’en 1774, sur un ruban à mi-volée. Les armes et la titulature de Louis Charles de Bourbon, duc d’Aumale et petit-fils légitimé de Louis XIV, grand maître et capitaine général de l’Artillerie de France, de mai 1736 à novembre 1755, dernier titulaire de ce grand office de la Couronne, à la base de la volée. Les anses en dauphin pâmé et frises d’ornements sur la ceinture de volée et à la base de la tulipe. L’ensemble de ces matériels est couramment désigné, depuis le XIXe siècle, sous le nom du général Jean de Vallière (1667-1759), lieutenant général d’Artillerie des armées du Roi. Jusque-là, l’uniformité du matériel n’était pas réalisée. Le lieutenant général d’Artillerie, commandant de l’artillerie de cette armée, s’entendait avec son fondeur pour faire au mieux, non sans suivre les tendances générales à peu près communes à tous. À suivre…