L’État-major a décidé que le canon à balles du colonel De Reffye serait déclassé comme arme de guerre et reversé à la défense mobile des places militaires. Le rapport des délégations invitées par De Reffye à ses conférences, est soigneusement enregistré. La précision des réponses du Directeur aux divers questionnaires du Comité est à interpréter comme une volonté de l’ingénieur à vouloir expliquer toutes les intentions initiales de l’équipe de Meudon, toutes les subtilités d’une arme révolutionnaire rendues obscures et, parfois, caduques par l’attitude de l’Empereur obnubilé par les indiscrétions des ouvriers de l’Atelier où l’espionnage militaire rampant. La qualité des travaux entrepris avant la guerre n’ont pas permis d’inverser le cours des choses, au mois d’août 1870. Le poids de l’échec – il est ressenti comme tel par De Reffye – peut encore être effacé par l’explication, toujours l’explication… Au mois de mai 1875, il écrit : «Dans un rapport que j’adressais à l’Empereur, le 5 mars 1870, pour lui rendre compte des résultats de l’instruction donnée aux officiers désignés pour commander les batteries de canons à balles et envoyés en mission à Meudon, j’écrivais : Si nous sommes unanimes pour croire au succès à venir de ces armes, nous sommes aussi d’accord pour prévoir que mises entre les mains de troupes ne sachant pas les manœuvrer, de chefs n’en connaissant pas les propriétés, elles peuvent devenir une source de désastre. La manœuvre du canon à balles n’a plus aucune analogie avec celle du canon ordinaire, l’emploi et le but de cette pièce modifient profondément toute la tactique de l’Artillerie. Comment alors espérer que l’on puisse mettre cette arme dans les mains d’hommes et de chefs qui ne la connaissent pas sans qu’il n’en résulte les plus graves inconvénients et qu’ils ne commettent les fautes les plus regrettables ? Je déclare donc que l’Artillerie française est en train de détruire tout son matériel de guerre et que si l’on continue, les canons à balles et les canons de 7 et de 5 ne seront pas capables de faire campagne». À suivre…