Un récit virtuose sur les célèbres encierros de Pampelune, du 7 juillet, coup d’envoi des fêtes de la San Fermin, vu par un coureur pas comme les autres (1). Journaliste et écrivain, ce conteur joint l’observation et le courage de très bien parler de ce qu’il connaît et pratiqué. Ce livre au style percutant pourrait n’intéresser que des aficionados. Pourtant, l’approche réaliste, philosophique parfois, devrait plaire à de nombreux lecteurs de notre quotidien. L’aïta (le père) a initié «Chapuli» à l’encierro couru le matin avec des toros lâchés depuis le corral de Santo Domingo jusqu’aux arènes de Pampelune. Il y a d’abord une côte de 280 m d’angoisse, écrit l’auteur. À 7,40 heures, c’est un endroit étrange, inhospitalier et magique, «c’est t’approcher du réacteur hors de contrôle d’une centrale nucléaire : plus tu t’y glisses, plus tu en ressens la radiation». Un tiers du tronçon est grimpé par les toros seuls. Sur le mur de droite est creusée une petite niche avec l’image de San Fermin entourée de bougies. Ici, les humains sont plus lents, les toros plus rapides (environ 30 km/h). La rencontre du toro avec les coureurs se fait sous la niche du saint. Les amateurs qui attendent de voir les fauves avant de courir sont projetés en l’air, blessés ou encornés. Il faut tenir le centre de la rue et se retirer à gauche car le troupeau sauvage se décale vers la droite. C’est statistique. Il faut oublier sa peur, enjamber les corps des camarades tombés et courir vite ! Cette rue est un lance-missiles. Le toro décanille les coureurs comme des quilles. Chaque matin des 7 au 14 juillet, des centaines de photographes shootent chaque cm du parcours. Les Phéniciens pratiquaient ce jeu mortel. Depuis 1126, les toros courent dans les rues de la ville. Arthur Miller, Hemingway, Lubisch, Cukor, viendront voir ce jeu de la mort. Depuis 1974, les femmes n’hésitent pas à affronter le Minautaure et donner des leçons aux machos en recherche d’adrénaline. Le 7 juillet parle de la peur, de la mort, du stress, de la joie, de l’euphorie après le passage du troupeau. Francisco Apaolaza est un merveilleux conteur.
(1) «Le 7 juillet» – Chapu Apaolaza – Éditions Atlantica – 2018 – 19,90 €.