Léon Richard est allé à pied de Luz à Saint-Sauveur en 20 minutes. Il quitte Luz par un chemin de corniche très agréable. Il annote un beau pont de marbre, passe le gave et admire la jolie vue donnant sur les bains. Il décrit la position géographique de Saint-Sauveur. «Dans un étroit vallon, la situation est des plus heureuses entre deux montagnes parallèles et presque verticales, formant des murs tapissés de verdure par les arbres qui s’élancent de leurs flancs et sur le premier plateau de celle qui domine Luz, contre laquelle il est adossé, Saint-Sauveur présente ses jolies maisons dont le marbre orne les ouvertures ainsi que les balcons, et l’ardoise les toitures coniques. Deux rangs en forment une seule rue, au milieu de laquelle se trouvent l’église et le bâtiment des bains : on est fâché que leur nudité fasse si grande disparate avec l’élégance des maisons». Notre voyageur suit cette rue du Midi jusqu’après le quartier des Anglais. Il passe un ruisseau qui du sommet de la montagne roule ses eaux tumultueuses sur son versant à pic. Il tourne la spirale qui lui fait accéder au second plateau où tombe une cascade bruyante. Des arbres touffus garnissent le rocher et forment des bosquets agréables et silencieux, a-t-il observé. Des bancs placés d’étage en étage servent de repos et présentent de riantes perspectives. L’œil suit «le tapis velouté qui couvre, près de là, les monts les plus élevés ; le gave, plus comprimé, soulève ses flots qui s’échappent avec fracas». Descendu de la montagne par le même chemin, puis un escalier, il pourrait retrouver le lit du torrent par le pont Gontaud ou le Désert mais il rejoint un jardin anglais. « L’eau qui se brise en poussière humide, rafraîchit les arbres qui l’ombragent ; des vallées sinueuses séparent des banquettes de gazon et embrassent un wauxhall champêtre ; les balsamiques émanations des plantes, des arbres fleuris et des prairies qui sont aux environs, mêlées aux exhalaisons sulfureuses des eaux minérales, rendent plus salutaire encore l’air pur et vivifiant qu’on y respire. Là, s’élève une pyramide en marbre blanc indigène, érigée en mémoire du séjour de S.A.R. Madame la duchesse d’Angoulême». À suivre…