23 – Aux Pyrénées : Cascade du Cerizet

Léon Richard devient lyrique : «Le premier endroit où l’émotion, le plaisir, la terreur, l’admiration, sont à leur comble, est la cascade du Cerizet. Je n’ai reçu de ma vie une impression semblable ; je n’ai vu nulle part une réunion aussi complète du magnifique, du terrible, du tendre, du ravissant. Ce fut avec un véritable cri que je prononcerai l’expression que je répète : Voilà le chef-d’œuvre de la puissance naturelle, il n’est rien au-delà !». De la cascade de Mahourat, il descend sur un tapis de mousse élastique gonflée, humide, spongieuse. Le brouillard enveloppe le groupe. Plus bas, le torrent écume et se précipite. Dans la profondeur, un magnifique arc-en-ciel étale ses couleurs. En une chute violente, le torrent fait monter une vapeur épaisse qui s’étend et tourbillonne avant de se dissiper sous un soleil monté au plus haut de sa course. Notre voyageur voit un torrent qui tombe et un torrent qui s’élève dans une «opposition admirable des plus beaux mouvements !». Quelques pins superbes ombragent la cascade. Au-dessous d’elle, le lit du torrent est profond, étroit, sinueux. Il change de position plusieurs fois, mais en face de la chute, sous un bel arbre, «l’arc-en-ciel déguise, augmente, décore la profondeur de l’abîme que l’on a sous les pieds». À travers cette gaze brillante et légère, on cherche le torrent, on le voit qui s’écoule : il écume et fume encore. L’œil s’arrête sur un énorme rocher, objet énorme, prisme à quatre faces taillées à angles droits, dans le même sens que la cascade. Avant d’arriver au pont d’Espagne, deux cascades fixent les regards : le Pas-de-l’Ours et le Coussin. Notre voyageur avait beaucoup entendu parler du Pont d’Espagne. Son imagination voulait le voir, il a répondu à son attente. Deux torrents se réunissent et c’est au-dessus de la jonction des deux courants que le Pont d’Espagne a été jeté. Astucieusement, les deux culées fournies par la nature sont deux masses de granit, taillées d’aplomb, d’une hauteur de 60 pieds (18 m) et de largeur et longueur inconnues. D’une culée à l’autre, les pasteurs du canton ont jeté 5 ou 6 poutres de sapin et garni les vides de gazon. Ce pont : «un effrayant abîme». À suivre…

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