Léon Richard se dirige vers la gorge qui conduit de Pierrefitte à Cauterets qui «offre bien des beautés. Ces beaux arbres, mêlés à l’escarpement des montagnes et au bruit du gave, jettent de la vie dans le tableau, sans le rendre moins frappant». M. Pasumot, naturaliste, a remarqué dans la gorge des bancs de schiste argileux, rougeâtre et traversé de veines quartzeuses ; des couches d’ardoises argileuses, des pierres à chaux feuilletées. Le voyageur y trouve une route facile, ombragée de frênes, d’aulnes, de tilleuls. Du silence aussi, de la fraîcheur, de belles eaux, des montagnes attrayantes et un torrent non moins impétueux que le Bastan dans lequel il se précipite avec fracas, précise notre voyageur. Le chemin est moins incliné que dans les autres gorges, la solidité des ponts est remarquable et les corniches sont garnies de parapets. «On peut considérer qu’à pied, à cheval ou en voiture, on y dispose des plus douces émotions qui jettent dans les âmes quelques-uns de ces longs souvenirs qui font le charme du reste de la vie». Son enthousiasme s’étiole un peu lorsqu’il déclare : «Le pittoresque en grand disparaît sans doute avec les granits, les schistes, les glaces et les sapins ; mais la nature n’en est pas réduite à cela pour être belle. Quand elle se dépouille de cet air de grandeur, elle devient ordinairement plus douce, elle se familiarise avec nous ; nous admirons moins, nous sommes moins remués ; mais nous en jouissons plus à notre aise. L’homme en effet n’existe avec plaisir que par la mémoire de ses actes réfléchis ; autrement quelle qu’en soit la durée, ce n’est plus la vie, ce n’est que du temps». Ainsi, Léon Richard philosophe durant les trois heures que dure le trajet et n’a point hâte d’arriver. Il marche sans impatience admirant les buis, les sapins et les arbres de toute espèce mais regrette «les destructions successives qui s’y sont opérées». Il remarque une marbrière que l’on exploite pour construire des maisons éparses sur les coteaux et dans le bassin de Cauterets. Il est charmé d’apprendre que ces riants domiciles entourés de bosquets et de jardins sans clôture « qui annoncent l’aisance » appartiennent aux montagnards. À suivre…