53 – Guerre des Pyrénées : Les sans-souliers marchent toujours

Le 22 mars 1814, le Mal écrit à  Clarke, ministre de la Guerre, de Martres-Tolosane : « La marche des ennemis sur Toulouse est donc bien prononcée. Demain la tête de la colonne sera à Noé et après-demain devant Toulouse. Il est bien urgent que l’armée se rapproche de Toulouse pour y recevoir des effets d’habillement et surtout des souliers dont elle éprouve le plus pressant besoin, ainsi que pour y déposer des malades, des blessés et des éclopés qui sont à sa suite. Depuis hier, le temps est très mauvais et nous occasionne des pertes, soit par les maladies, soit par la désertion des conscrits qui nous restaient. Une légion des Hautes-Pyrénées, forte de 600 hommes, qui était employée à la garde du parc, est entièrement dissoute ; ce matin il n’y restait que 30 hommes, les autres sont rentrés chez eux ». On sent poindre un sentiment d’amertume et de lassitude dans le courrier du Mal qui décrit l’inexorable fatalité qui s’abat sur l’armée des Pyrénées. L’humidité ambiante pénètre les constitutions les plus robustes et les marches forcées de la retraite se succèdent sur un terrain toujours aussi vallonné, boueux, incertain. Et que dire de ces légionnaires Haut-Pyrénéens si fidèles à ce pays où la désertion est si courante ? À leur tour, décimés par la maladie et le découragement, ils rentrent chez eux, un par un. Le 23 mars, les divisions de d’Erlon et le parc d’artillerie sont à Muret. Les divisions de Reille, stationnent entre Noé et Le Fauga, celles de Clauzel sont à Carbonne, en protection des brigades de cavalerie du général Pierre Soult qui ont pris position à Saint-Elix-le-Château, Lafitte-Vigordanne et Peyssies. Soult déplore ce mauvais temps qui ne cesse et la vision de son armée lui arrache « Si nous étions dans le cas de marcher encore trois jours avant d’arriver à Toulouse, plus de la moitié de l’armée serait pieds nus ; aujourd’hui, j’ai été effrayé de la quantité d’hommes qui manquent entièrement de souliers ; si je n’en trouvai pas à Toulouse ainsi que des capotes je serais très embarrassé ». Terrible constatation dans la bouche de Jean de Dieu Soult effrayé de voir son armée déchaussée avancer si vaillamment par ce temps exécrable. À suivre…

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